STEFANSKI EN BACKSTAGE par Bernard Hennebert

Il y a du bon aussi dans les réseaux sociaux. Lorsqu’une artiste de talent, proche des gens durant toute sa vie, et engagée pour le bien commun, ne voit pas son travail suffisamment relayé par les médias de masse, à son décès, la toile permet à d’innombrables spectateurs de témoigner. Ce 7 mai 2024, c’est ce qui s’est produit pour la chanteuse liégeoise Christiane Stefanski.
J’ai été professionnellement et amicalement proche de Christiane pendant près d’un demi-siècle. J’aimerais vous raconter quelques faits peu connus qui montrent combien ce fut une femme fidèle à sa création, à son engagement social et à ses amis. En quelques dates.

Une affiche de JC Salémi

1974 et 1982 : Spa

En 1982, bien avant les Francos, Spa abrite chaque printemps, pendant quatre jours, son Festival de la Chanson française. Ce concours est largement médiatisé chaque soir par la chaîne de télévision de la RTBF.
Christiane y reçoit le Prix de la meilleure chanson et celui de la presse.
C’est aussi l’époque où un mouvement réunit artistes et journalistes militants pour encourager un meilleur soutien et une plus grande médiatisation des chanteurs belges : la Chanson Sauvage.
L’un de ces chanteurs est Daniel Mignolet, qui gagne aussi sa vie, comme beaucoup de ses collègues, autrement que par la seule chanson.
Il est animateur… à la maison de jeunes de Spa. Cette MJ devient un peu le « off » du Festival, comme cela se passe au Festival d’Avignon, mais en bien plus Schtroumpf. Christiane, Claude, Jofroi et bien d’autres en font partie, et moi-même j’ai réussi à faire, depuis Bruxelles, la « Une » du Vlan avec ces revendications « made in Spa ».

Christiane à Moscou en 1985. Au fond, Marc Hérouet et “Poney” Gross (photo Cécile Gouzée)

1997 : Anne Sylvestre et Christiane

Un bel hasard fait que je suis à la fois un proche d’Anne Sylvestre et de Christiane. Et l’autre interprète l’une. Et l’une adore l’autre. Et réciproquement.
L’une des qualités de l’artiste française est d’avoir tout au long de sa carrière beaucoup voyagé pour découvrir et soutenir à sa façon de jeunes artistes.
Claude Semal s’en souvient certainement pour son spectacle « Odes à ma douche » au Botanique à Bruxelles.
En septembre 1997, Christiane enregistre son CD « Sawoura » en public, au cours d’une petite série de concerts dans la salle liégeoise du Trianon.
On va lui faire une belle surprise. Anne prend le train pour Bruxelles et, avec Benoit, mon futur époux, qui conduit – je n’ai pas mon permis –, nous fonçons à trois jusqu’à Liège pour entrer dans la salle au moment précis où Christiane monte sur scène… et découvre qui est dans la salle. La preuve? Les proches reconnaîtront, à plusieurs reprises dans l’enregistrement, le rire si caractéristique d’Anne.

Christiane de dos avec Véronique Castanyer et Semal

2005 : « Gay Gay marions-nous »

Et une autre retrouvaille Anne-Christiane. Avec Benoit, nous nous marions à la maison communale d’Ixelles, le 5 août 2005. Anne est mon témoin de mariage, et elle écrira peu de temps après la chanson «Gay marions-nous». Je me permets de dévoiler cet élément de ma vie privée, puisque Anne l’a elle-même déjà fait elle-même en scène en dédiant sa chanson à «Benoit et Bernard» lors de son ultime concert belge – dans la salle de la maison de la culture de Ath.
Et au repas de mariage… qui était là ? Christiane, qui était venue avec Véronique Castanyer, la comédienne et humoriste. On ne s’est point ennuyé !

Michel “de la Soupape”. Au mur, à sa droite, une affiche de Christiane.

2017 : un concert-surprise à la Soupape

Pour les 30 ans de Benoit, je lui fis la surprise d’une soi-disant réunion de travail, un dimanche en fin d’après-midi, à la Soupape. Il n’était guère heureux. Il ouvre la porte, et, sur la scène de cette petite salle de spectacle, se trouve, oh surprise, une trentaine de ses amis, et Christiane, et Anne.
Il aura droit à un concert de Christiane, et ensuite, à un « bœuf » autour du piano avec les deux chanteuses. Michel Van Muylen, le maître des lieux, un merveilleux lieu à chansons à deux pas de Flagey, est très heureux et filme la soirée.

En 2017 à Liège.

2017 : « Chanson d’amours »

Une autre fois, Christiane m’a offert, cette fois-ci à Liège, son interprétation en public de la chanson du GAM, «Chanson d’amours» (avec un s). C’était le 5 octobre 2017, au restau bar de Gérard Goyet, rue St Remy, « Le casse du siècle ».
À l’occasion du vernissage de l’exposition de photos de Didier Seynave inspirées par mon livre «Une vie à séduire» axée sur la drague par l’écrit (petites annonces dans les journaux, puis réseaux sociaux). Quel(s) bonheur(s). En illustration, une des photos de cette soirée.

Des dizaines de rencontres-débats

Avec Christiane, j’ai aussi animé des dizaines de rencontres-débats en France et en Belgique pour expliquer les coulisses de ses métiers.
Car elle était aussi monteuse à la RTBF Liège, et on lui doit notamment le montage du premier film de Thierry Michel. Sa sœur, Gabrielle, travaillait aussi à la RTBF. On se souvient de ses merveilleuses programmations musicales diffusées les jours de grève (à une époque où, ces jours-là, la RTBF respectait ces programmations musicales en faisant aussi la grève de la publicité!).
Voilà quelques souvenirs que j’ai voulu partager avec vous, et qui témoignent à la fois de son amour de la vie et des rencontres, et de sa fidélité à ses propres engagements.

Bernard Hennebert

Photo du dessus : Lara Herbinia

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