LE LOGEMENT D’ABORD ? par Bernadette Schaeck

On sait à quel point il est difficile pour une personne à faible revenus de trouver un logement.
A prix abordable et de (pas trop mauvaise) qualité.
On sait à quel point il est important, pour ces personnes-là, d’obtenir une aide pour le paiement de la garantie locative.
Andrea a rentré le 19 mars la demande de garantie locative.
Le 5 avril, nous avons envoyé un courrier au CPAS insistant sur l’urgence, Andrea étant sans nouvelles.
Entre-temps, nous avions contacté le propriétaire pour tenter de le faire patienter, sans quoi le logement était loué à un.e autre.
Monsieur logement“, c’est ainsi qu’on l’appelle depuis 20 ans, est passé contrôler la qualité du logement quelques jours après notre courrier, conditions sine qua non pour que le CPAS accorde une caution.
La caution a été versée au propriétaire le … 30 avril, 6 semaines après l’introduction de la demande.
Andrea ne pouvait en aucun cas avancer elle-même une partie de la caution au propriétaire sous peine de se voir refuser toute intervention du CPAS. Il est évident que si nous n’avions pas été là, le propriétaire n’aurait pas attendu. 10, 20, 100 Andrea attendaient pour louer à sa place. “Housing first“, qu’ils disent. Le logement d’abord.

La notion d’urgence est quelque-chose qui n’est plus du tout rencontré dans la plupart des CPAS. Or, les personnes sont très souvent dans l’urgence. Les CPAS ne seraient-ils plus en capacité de rencontrer les situations d’urgence ? Si c’est le cas, il faut le dire, en analyser les raisons, en tirer les conséquences et dégager des solutions.
A commencer par arrêter de tout faire passer par les CPAS, comme le fait le gouvernement depuis la crise sanitaire, avec la mission de distribuer les nombreuses aides “spéciales Covid”.
Ceci dit, organiser le paiement des cautions en aide urgente, ne demanderaient pas des moyens en personnel beaucoup supérieurs à ce qu’ils sont actuellement. C’est avant tout, une question de volonté.

Andrea pourra(it) demander, si son “état de besoin” est prouvé, une aide psychologique suite au stress qu’elle a vécu avec la crainte de perdre le logement, ou une aide spéciale “Zoom 18-25” pour les jeunes, ou une aide alimentaire, ou une aide du Fonds pour la participation sociale en faveur de son jeune enfant.
Le respect (et l’amélioration) de droits serait nettement préférable, mais nous sommes placés de toute évidence dans le mouvement contraire.
Andrea n’est évidemment qu’une situation parmi beaucoup d’autres. Trop d’autres, celles et ceux qu’ils disent “ne pas laisser au bord du chemin”.

Bernadette Schaeck de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux
(première publication en 2021)

http://www.adasasbl.be

 

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