UN JOUR SANS ROI

Nous sommes le 30 mars 2023.
Si l’on préfère le calendrier républicain, nous sommes au 10ème jour de Germinal de l’an 231, dédié au couvoir, ce qui est judicieux puisqu’à l’approche de Pâques, les œufs ne manquent pas.
Les Pataphysiciens quant à eux n’ignorent pas qu’en réalité, nous sommes aujourd’hui le dimanche 8 Clinamen de l’an 150, jour dédié à “La Machine À Peindre”, fête suprême seconde. Ça aussi c’est une bonne idée puisque nous célébrons ce jour l’anniversaire de Vincent Van Gogh né, voici 170, le 30 mars 1853 à Groot Zundert (Hollande). De surcroît, nous célébrons aussi ce même jour l’anniversaire de l’immense Francisco de Goya né quant à lui, il y a 277 ans, le 30 mars 1746.

Au pays des Belges…

Le 30 mars 1990, au royaume de Belgique, la Monarchie est en panne.
Le roi Baudouin informe le premier ministre qu’il refuse de signer la loi sur la dépénalisation de l’avortement, votée la veille par le Parlement. Sa conscience objecte de toutes ces forces. Il aurait même confié au premier ministre Wilfrid Martens : «Vous pouvez m’envoyer le cardinal et même le pape, je ne changerai pas d’avis».
On savait déjà que notre monarque constitutionnel était un fervent catholique, mais à ce point-là, ça surprend quand même. On découvre aussi qu’après quelque 40 ans de règne, Sa Majesté n’a toujours pas bien compris en quoi consistait son job. Son boulot n’est pas des plus accablants en termes de pénibilité. On lui demande juste de signer au bas d’un texte à publier au Moniteur, que la loi lui plaise ou non. On ne lui demande pas son avis. Ce n’est pourtant pas compliqué. Pour le coup, Baudouin se comporte comme un notaire qui refuserait de signer un acte de vente parce que la tête de l’acheteur ne lui plait pas.

L’affaire fera un fameux barouf au pays des Belges. Pour éviter la crise de régime, il faudra recourir au célèbre « compromis à la belge ».
Dans un premier temps, un conseil de ministres spécial constate l’impossibilité de régner du Roi. Un peu comme s’il était atteint d’un trouble mental sévère.
Dans un deuxième temps, le conseil de ministres spécial signe la loi à la place du roi.
Dans un troisième temps, les Chambres lèvent son interdiction de régner. Un peu comme si son trouble mental n’était plus qu’un mauvais souvenir.
L’opération aura duré 2 jours. Le monarque reprendra alors son boulot comme si de rien n’était. On est content pour lui, mais on observera quand même que si un commis de bureau se permettait ce genre de fantaisie, il y aurait de quoi le virer pour faute grave.

André Clette

Un peu de musique là-dessus ?
On s’écoute Claude Semal dans « Noble Belgique »
C’est par ici : →

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