13 novembre 2024
UN DOUBLE CD DE BERNARD JOYET par GILBERT LAFFAILLE (sur Facebook)
Il est là sur ma table, l’ami Bernard Joyet, ou plutôt son dernier ouvrage.
Un bel objet au graphisme soigné, un beau livret, deux bons disques. L’un pour lui, l’autre pour les amis… c’est tout lui, ça ! Lui qui reconnaît n’avoir pas fait d’études mais qui en connaît pourtant un rayon sur l’être humain, la prétention des brasseurs de vent, et la toujours jeune et fringante dame bêtise.
Virtuose de la rime riche, champion de l’adjectif qui tue, on sait depuis le Gérontophile d’anthologie qu’aucun sujet ne lui fait peur ! Dans l’intention du cœur ma préférée est sans doute Pauvre orpailleur (« Un mot de vous et je suis riche ») et Entre Saint-Gilles et Montréal où l’écrivain est arrivé à placer les Micmacs…
Il se trouve qu’après un séjour à Saint-Pierre et Miquelon je m’étais intéressé à ce peuple autochtone, infiniment respectueux de la Terre, dont la culture comporte une foule de chansons. Ces mêmes Micmacs qui avaient aidé les Terre-Neuvas à s’installer… merci pour eux ! Amoureux de chanson française aux beaux textes, vous ne serez pas déçus, longue route, Bernard !
Gilbert Laffaille
Le Gérontophile (de et par Bernard Joyet)
Certains de nos congénères
Ont la manie bien singulière
De tomber bêtement amoureux
De plus jeunes qu’eux
Quelques dangereux maniaques
Guident leurs ardeurs démoniaques
Vers les tendrons, les jouvencelles
Et les pucelles
Gamines nubiles, novices
Sont l’objet de leurs sévices,
Ils font la sortie des lycées,
C’est insensé !
Cette irréparable offense
À la pureté de l’enfance,
Perpétrée par ces renégats
Fait du dégât
Ce genre d’enfantillage,
C’est le doigt dans un engrenage
Vis à vis du code pénal
Ça peut faire mal
De ce côté je suis tranquille,
Car moi je suis gérontophile
La bonne soupe est dans les vieux pots,
C’est mon topo !
{Refrain:}
Viens m’aimer mémé, viens mémère !
Le temps fait du bien à l’affaire !
J’aime ce grain d’sel dans tes cheveux !
Un petit examen s’impose,
Mignonne, allons voir si l’arthrose
A point d’effets libidineux !
J’aime les doyennes et les douairières,
Et les grisonnes et les rombières,
Les femmes d’académiciens,
J’fais dans l’ancien
Maisons de retraite, hospices,
Voilà des endroits propices
On n’a qu’à lever le petit doigt,
On a le choix
J’aurais, d’après les psychologues,
L’obsession de l’archéologue,
Le complexe du reliquaire,
De l’antiquaire
{au Refrain}
Dans les cimetières, il y a des veuves,
Presque fraîches, presque neuves,
Qui tomberaient la culotte de deuil
En un clin d’œil !
Tant de soldats morts en campagne
Ont abandonné leurs compagnes
En panne sur la page trois
Du Kamasoutra
Celles-là ne demandent qu’à nous suivre
Histoire de compulser le livre,
De l’dévorer jusqu’à plus faim,
Jusqu’au mot “fin”
{au Refrain}
Vivez, prenez de la bouteille,
Revenez quand vous serez bien vieille,
Ridée, décrépite, édentée,
Ça peut me tenter
La muette amplifie le geste
Pour montrer qu’elle a de beaux restes,
Et la sourde crie bien plus fort :
Encore, encore !
Madame, quel désir vous agite ?
C’est le diable qui vous excite ?
Non monsieur, ce corps qui frissonne,
C’est Parkinson
{au Refrain}
Parfois ma déraison s’égare,
Je rêve de la perle rare
Qui aurait connu la maman
De Jeanne Calment
http://www.bernardjoyet.com/
http://www.chanson-net.com/tranchesdescenes/artistes_joyet.htm
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