01 mars 2024
TITRES-SERVICES : “TOUT FAUX” par Bernadette Schaeck
Ce dispositif, qui permet à des personnes d’acheter un « titre-service » pour payer les prestations d’une aide-ménagère, n’aurait jamais dû exister.
Les travailleuses (les femmes sont très majoritaires, je dirai donc les travailleuses) en titres-services sont engagées par des sociétés qui sont principalement des firmes privées marchandes (75% du personnel en Wallonie, 94% à Bruxelles). Le secteur est important : 150.000 travailleuses pour la Belgique, dont 47.000 en Wallonie et 27.000 à Bruxelles. Les Régions subsidient à 70% le coût horaire du salaire des travailleuses.
Il s’agit donc d’aides à l’emploi (dites plutôt « aides aux employeurs ») parmi les plus importantes.
Le titre-service coûte 10 euros en Wallonie et à Bruxelles (11 et 12 au-delà d’un certain nombre). Une partie du coût est déductible fiscalement pour un certain nombre de titres (1 euro en Wallonie, 1,5 à Bruxelles). Les patrons des firmes privées se plaignent d’un manque de rentabilité. Ils visent une augmentation du prix du titre-service. Ce prétendu manque de rentabilité est faux. Depuis plusieurs années, des petites entreprises sont rachetées par de plus importantes. Le secteur est dominé actuellement par quelques grosses entreprises, qui distribuent d’importants dividendes à leurs actionnaires.
Et les travailleuses dans tout ça ? Pour un travail très dur, elles sont sous-payées (trois-quarts des entreprises paient le minimum salarial du secteur), sans formation, isolées.
Elles souffrent de gros problèmes de santé, comme les troubles musculosquelettiques. Elles sont majoritairement occupées à temps partiel.
Voilà donc un secteur largement financé par les pouvoirs publics ;
qui permet à des firmes privées de faire d’importants bénéfices ;
qui fournit un service trop cher pour les plus pauvres, bon marché pour ceux qui peuvent se le payer ;
qui, pour fournir ce « service », surexploite honteusement des dizaines de milliers de femmes dont le salaire est loin de leur permettre de sortir de la pauvreté.
Ces travailleuses sont ce que l’on qualifie de « les plus éloignées de l’emploi ».
Qui doivent « remercier », bien sûr, d’être engagées en titres-services alors qu’elles sont si peu qualifiées.
Tout cela : c’est l’exact contraire d’un service public !
Bernadette Schaeck, de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux.
Bernadette SCHAECK
Publié à 17:49h, 03 marsLa lutte contre le travail au noir pouvait – devait – être menée tout autrement. Je sais que les entreprises de titres-services ne sont pas un service public, et que telle n’était pas l’intention lors de la mise en place du dispositif. Je dis d’ailleurs justement que “c’est tout le contraire d’un service public”. Quant à la lutte contre le travail au noir, elle est toute relative dans ce pays.
jean-paul gailly
Publié à 06:25h, 03 marsCet article oublie l’historique de ce système et l’ère du travail au noir qui pré-existait. Par ailleurs ce système n’a jamais été présenté ni créé comme un service public. Dommage d’affaiblir ainsi une réflexion bien nécessaire comme le souligne le front commun syndical.