31 août 2022
NOUS SOMMES LE 31 AOÛT
C’est déjà (!) la dernière chronique quotidienne d’André Clette dans l’Asympto pour ce mois d’août.
Merci à André pour ce compagnonnage d’été, que nous espérons rapidement pouvoir renouveler. Car une chose st sûre : il se passe tous les jours quelque chose ;-).
Pour retrouver toute sa galerie de portrait et toutes ses chroniques dans l’Asympto, il suffit de taper son nom dans le moteur de recherche du journal.
Pour ses aficionados, il publie par ailleurs très régulièrement de nouvelles chroniques quotidiennes sur sa page Facebook.
Allez, pour une dernière fois, place à l’artiste ! (C.S.)
Nous sommes le 31 août 2022.
C’est la Saint Aristide, philosophe athénien du IIe siècle. Bonne fête à tous les Aristides, mais n’oublions pas que c’est aussi la Saint Ebrégésile, évêque de Meaux au VIIe siècle. Bonne fête aussi à tous ceux qui portent ce nom-là. Je crois qu’il en existe peu. Si vous cherchez un prénom original pour un enfant à venir, pensez-y.
Le 31 août, il se passe toujours des choses.
Ainsi, c’est le 31 août 1908, à Issy-les-Moulineaux, qu’eut lieu le premier vol avec passager sur un monoplan baptisé « Antoinette ». Le temps avait été exécrable les jours précédents et le vol avait dû être reporté. Ce 31 août, le ciel s’étant éclairci, l’Antoinette put enfin s’envoyer en l’air avec ses passagers.
Autre chose
C’est le 31 août 1935 qu’en Union soviétique, un mineur du nom d’Alekseï Stakhanov eut son heure de gloire en se flattant d’avoir extrait quatorze fois plus de charbon que la norme journalière (102 tonnes en 6 heures).
Très vite, la propagande de Staline va encourager les Soviétiques à suivre l’exemple de Stakhanov : travailler sinon pour la gloire, du moins pour le triomphe du socialisme ! Depuis lors, le mot stakhanoviste est entré dans le langage courant pour désigner des travailleurs acharnés.
Pour la petite histoire, on retiendra que le véritable prénom de Stakhanov n’était pas Alekseï, mais Andreï. Le changement de prénom provient d’une erreur de frappe dans l’article de la Pravda relatant son exploit. À ce propos, il se dit que Stakhanov aurait écrit une lettre à Staline demandant la rectification, à quoi ce dernier aurait répondu que la Pravda ne commettait pas d’erreurs…
Je ne sais pas si on meurt davantage le 31 août que les autres jours, mais j’en ai relevé un paquet :
31 août 1784 : Denis Diderot, Écrivain français, né en 1713 ;
31 août 1867 : Charles Baudelaire, Poète français, né en 1821 ;
31 août 1973 : John Ford, Réalisateur américain, né en 1894 ;
31 août 1997 : Diana Spencer (Lady Di), Princesse de Galles, née en 1961;
31 août 2002 : Lionel Hampton, vibraphoniste, pianiste et batteur de jazz américain, né en 1908.
Il ne va pas être possible d’évoquer tout ce monde. D’ailleurs on a déjà parlé de Diderot et de Lady Di, il y a quelques temps.
Tiens, à propos de John Ford (de son vrai nom Sean O’Feeney), il avait, paraît-il l’habitude de dire « Je suis d’origine irlandaise mais de culture western ». Il aura en effet été un cinéaste prolifique avec plus de cent films à son actif, dont beaucoup de westerns : “La Chevauchée fantastique”, “Les Cheyennes”, “La Taverne de l’Irlandais”, “La Conquête de l’ouest”, “L’homme qui tua Liberty Valance”, “Les Cavaliers”, “La Prisonnière du désert”,…
Sa « culture western » avait toutefois quelques limites. S’il connaissait sans doute bien l’Ouest des envahisseurs blancs, il connaissait moins celui des autochtones. À propos de son film “Les Cheyennes” (titre original : “Cheyenne Autumn”), l’écrivain ethnologue Tony Hillerman raconte dans son roman policier « Les Clowns Sacrés » que les indiens Navajos hurlent de rire à chaque fois qu’ils ont l’occasion de voir le film. Les rôles de Cheyennes y sont, en effet, tenus en réalité par de indiens Navajos parlant dans leur langue. La production ne s’est évidemment pas préoccupée de la chose, puisque le public américain est bien incapable de repérer les différences, et encore moins de savoir que les paroles prononcées n’ont rien à voir avec les sous-titres qui s’affichent. Les acteurs Navajos en ont donc profité pour se livrer, avec tout le sérieux qui convient à de farouches guerriers, à des plaisanteries et des spéculations salaces sur la taille du pénis des officiers américains.
Concernant Lionel Hampton, ce petit-fils d’esclave mort le 31 août 2002, voilà tout juste vingt ans, je n’ai pas d’anecdote croustillante. Sinon qu’il aurait expliqué : « Mon oncle travaillait avec le célèbre gangster Al Capone, qui se montrait fort bon avec les Noirs, en particulier les musiciens de jazz. » Avec d’aussi bonnes relations, il était normal que Lionel s’installe à Chicago. Il commence par y tenir la grosse caisse de l’orchestre d’enfants du “Chicago Defender Newsboys Band”.
En 1930, il rencontre Louis Armstrong avec qui il enregistre le premier solo de vibraphone de l’histoire du jazz. « Louis a été comme un esprit descendu du ciel ! Lorsque je me produisais avec lui, j’étais au paradis. »
À partir de là, il jouera dans la cour des grands, avec Benny Goodman, Duke Ellington ou Count Basie.
En 1940, Lionel Hampton fonde son propre big band, où se produisent des gens comme Art Farmer, Wes Montgomery, Dexter Gordon, Charlie Mingus et le tout jeune Quincy Jones.
Dans les années 50, il est en Europe où il enregistre avec Mezz Mezzrow, Claude Bolling et quelques autres.
Il aimait beaucoup la France. Il aurait même composé un « Cassoulet Blues », en hommage à la gastronomie toulousaine (je n’en ai pas trouvé d’enregistrement !). « Dans votre pays, j’ai été intronisé par la Confrérie du cassoulet… Ça ne s’oublie pas. »
À côté de sa carrière de jazzman, Lionel Hampton s’est aussi engagé socialement, en créant notamment une fondation destinée à la construction d’immeubles dans Harlem, en luttant contre la ségrégation et en s’engageant pour Martin Luther King, Malcolm X et Nelson MANDELA. « J’ai toujours eu de l’amour pour ces hommes qui ont combattu pour la liberté. Nous nous devions de les soutenir. »
André Clette
Allez, on l’écoute : ça s’appelle « Flying Home » et c’est daté de 1957
C’est par ici→
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