20 juillet 2021
L’ÉTAT ET LA SOLIDARITÉ par Christine Mahy Hergot
Les sans-papiers manquent de papier, la protection civile manque de personnel et de matériel, l’armée manque de matériel de sauvetage, les hôpitaux manquent d’infirmières, la nature manque d’éco-cantonniers, les appauvri.e.s manquent de revenus et de logement, les producteurs et cultivateurs bio et/ou raisonnés manquent de terre, la médecine de première ligne manque de médecins, les citoyens manquent de confiance de la part de l’Etat, les personnes émargeant à la sécurité sociale ou devant s’adresser au CPAS manquent de vie privée et d’un revenu de remplacement complet, la population manque d’accès à une alimentation saine, les vieux manquent de maison de repos payables et qui soient un réel “habitat” collectif, les enfants manquent de crèches, les familles monoparentales manquent de temps de respiration, les sans-abris manquent d’un chez eux et d’un accompagnement, les gens de pays exploités manquent du droit d’accès et de jouissance à leur ressources naturelles, beaucoup de travailleur.euse.s manquent de sens dans leur travail, beaucoup d’emplois participent à détruire le climat et les solidarités alors que tant d’autres sont et pourraient être bien plus au service de l’inverse, les emplois techniques et manuels essentiels manquent de considération, les artistes manquent d’un statut, l’éducation permanente manque de pouvoir exister partout et tout le temps, les richesses manquent de répartitions justes, la fiscalité manque de justice sociale, les animaux et pas qu’eux manquent de forêts et d’espaces naturels à protéger, etc. etc.,
Alors que des tas de gens, d’associations, de structures ne manquent ni de solidarité, ni d’énergie, ni d’idées, ni d’audaces ! Ils travaillent déjà à des solutions à tout cela.
Prendre résolument et “vitalement” le chemin des solidarités et du sens collectif pour mettre en place ce qui permettra d’affronter les crises migratoires, sociales, épidémiques et climatiques est la seule bonne piste : Un mixte de prévention et de curatif dans les décisions… l’investissement dans la prévention devant être considéré comme ayant autant de valeur et d’urgence que le curatif !
Toutes les autorités de ce pays portent la responsabilité de prendre ou de ne pas prendre cette direction. Car même si ce n’est et ne serait pas simple, une grande partie de la population l’a déjà prise et demande à être soutenue par un cadre qui offre l’opportunité d’embarquer les sceptiques.
L’Etat ne peut pas faillir sur 4 enjeux vitaux qui viennent d’exploser à la figure de toutes et tous :
– la crise migratoire. L’Etat de droit n’a pas le droit de laisser mourir des personnes, fussent-elles en grève de la faim. Un Etat de droit a le droit de changer les lois lorsqu’elles sont injustes, discriminantes et dangereuses.
– la crise épidémique et sanitaire. L’Etat de droit ne peut renier les constats établis en début de crise, que ce soit en matière de santé préventive, et d’intervention de crise, mais aussi d’économie soumise au marché mondial, d’importance de la sécurité sociale, etc.
– La crise climatique. L’Etat devra tirer les conclusions de l’événement dramatique qui frappe la population suite à ces pluies diluviennes que les sols n’arrivent plus à absorber.
– La crise sociale. Car les populations les plus vulnérables subissent de plein fouet les causes à l’origine des crises épidémiques et sanitaires, les crises migratoires et les crises climatiques. Et ensuite leurs conséquences. Et outre cela, ce ne sont pas ces populations pauvres et vulnérables qui sont en problème avec les politiques du logement, des revenus, de la fiscalité, de l’emploi, etc., mais c’est l’Etat qui a un problème avec ses décisions, indécisions, non-décisions en ces matières. C’est l’Etat qui a un problème avec sa vision de la solidarité et de la collectivité.
Et dans l’urgence ? L’Etat a le devoir moral et politique de sauver toutes les vies de personnes sur son territoire. Celles des sans-papiers en grève de la faim, tout autant que les autres vies.
par Christine Mahy Hergot (sur Facebook)
NB: Le titre est de la rédaction.
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