02 février 2024
LES STATS, ÇA VOSKE ÇA VOSKE ! par VOSKE (expert en tout)
Pour une bonne nouvelle, c’est une bonne nouvelle.
Ça vient de sortir et c’est officiel : selon Statbel, l’institut belge des statistiques, la pauvreté a totalement disparu en Belgique. Elle a du moins totalement disparu des statistiques.
Je vous l’avoue, cela m’a un peu surpris – car ce n’est pas l’impression que j’avais en regardant autour de moi. Mais enfin, les chiffres ne mentent jamais.
Par contre, on y a vu apparaître une toute nouvelle catégorie socio-économique : la SMSD.
À ne surtout pas confondre avec la MSD (tout court).
Si vous croyez que j’invente, allez voir par vous-mêmes sur ce lien : https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/pauvrete-et-conditions-de-vie/privation-materielle-et-sociale#panel-11 .
La SMSD, je vous explique, c’est la population « en Situation de privation Matérielle et Sociale Sévère », 13,7% à Bruxelles, quand même, et 8,5% en Wallonie, alors que la SMD (vous suivez toujours ?) c’est la population en « Situation de privation Matérielle et Sociale » (tout court). Et ceux-là, qui s’ajoutent aux autres, sont 19,2% à Bruxelles et 15,5% en Wallonie.
Ce qui fait quand même en tout pas mal de gens qui ne sont pas pauvres.
Oui, je sais, les lettres du sigle ne correspondent pas vraiment à l’énoncé explicatif, je suppose que c’est traduit du flamand ou du coréen, c’est la mondialisation, mais bon, si l’on est arrivé à faire totalement disparaître le mot « pauvreté » des stats, on peut bien faire disparaître une consonne au passage, ou même décréter que « Sévère » commence par un « D ».
Tenez ! Traduit en anglais, cela fait « Material and Social Deprivation », MSD, pile-poil, qu’est-ce que je disais, et même SMSD pour « Severe Material and Social Deprivation », tout s’explique, je suis un génie.
Mais comme ceci est une enquête SCIEN-TI-FI-QUE, n’allez pas croire que les sondeurs ont travaillé au doigt mouillé, ni trié les « SMSD » des « MSD » au vogelpik.
Non, non, voici leur méthodologie scientifiquement expliquée et téléphoniquement appliquée par leurs pointilleux experts :
« La privation matérielle et sociale comprend l’ensemble des personnes qui ne peuvent pas, pour des raisons financières, se permettre au moins cinq des treize « biens et services » suivants : 1° payer à temps le loyer, l’emprunt hypothécaire, les charges du logement ou les crédits à la consommation, 2° chauffer correctement son logement, 3° faire face à des dépenses inattendues (d’environ 1 100 €), 4° manger des protéines tous les deux jours, 5° partir une semaine en vacances une fois par an (pas nécessairement à l’étranger), 6° remplacer des meubles usés ou dégradés, 7° avoir une voiture, 8° avoir deux paires de chaussures, 9° remplacer les vêtements usés par des neufs, 10° se retrouver avec des amis pour dîner ou boire un verre une fois par mois, 11° participer régulièrement à des activités de loisir (sport, cinéma,…), 12° dépenser pour soi une petite somme d’argent chaque semaine, 13° avoir un accès personnel à internet chez soi.
Pour ces huit derniers critères, seuls ceux qui n’y ont pas accès pour des raisons financières sont comptabilisés. Les autres (ce qui peut relever d’un choix, mais aussi d’une autre difficulté) ne sont pas pris en compte pour mesurer la privation.
Les sept premiers éléments sont mesurés au niveau du ménage alors que les six derniers le sont au niveau individuel pour les personnes d’au moins 16 ans”.
Le taux de privation matérielle et sociale (MSD) correspond à l’incapacité forcée à couvrir les dépenses liées à au moins 5 des éléments susmentionnés.
Le taux de privation matérielle et sociale sévère (SMSD) correspond à l’incapacité forcée à couvrir les dépenses liées à au moins 7 des éléments susmentionnés.
Vous avez compris ? Il en faut au moins cinq privations pour être MSD – c’est scientifique.
Si vous n’en avez que trois (genre : je n’arrive pas à payer pas mon loyer, et je ne sais plus me chauffer et mon frigo est vide) – vous êtes juste une erreur statistique.
Voilà. Cette semaine, je vous ai expliqué pourquoi vous n’êtes plus pauvres.
La semaine prochaine, je vous expliquerai pourquoi vous n’êtes pas riches.
Par Voske, expert en statistiques, en sondages et en canulars téléphoniques
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