01 novembre 2021
LES MARCHANDS DE PEUR, NOTRE SANTÉ ET NOS LIBERTÉS
J’en ai ras la seringue. J’en ai ma claque. J’en ai ma dose. L’overdose!
Comment prétendre restaurer la confiance citoyenne dans le discours des autorités publiques, si à chacune nouvel événement, elles montent à tour de rôle dans le carrousel de la désinformation?
Il y a quinze jours, je démontrais ici même (1) que le discours du Premier Ministre Alexander De Croo, qui parlait d’une “épidémie de non-vaccinés” pour “justifier” le “Covid Safe Ticket” était, au mieux, un demi-mensonge.
En réponse à une question parlementaire de Ruben de Herdt (GROEN), Frank Van den Broucke, son Ministre de la Santé, lui a lui-même apporté, ce 26 octobre, le démenti le plus cinglant (2).
Entre le 16 et le 22 octobre, 708 malades positif au COVID ont été admis dans les hôpitaux belges (dont 187 personnes hospitalisées pour un autre motif).
Soit 120 à Bruxelles, 333 en Flandre et 255 en Wallonie.
Or en Flandre… 70% d’entre eux étaient entièrement vaccinés (contre 39,50 % à Bruxelles et 40% en Wallonie) ! Et à l’échelle de la Belgique, 46,7 % des malades admis aux soins intensifs étaient eux aussi entièrement vaccinés. Allo, Alexander ? Comment elle se porte, ton “épidémie de non-vaccinés” ?
Cela ne signifie pas nécessairement que “les vaccins ne marchent pas” (quoique sur la durée, ils marchent visiblement moins bien que prévu !).
Comme je le mentionnais dans l’article précité, dans une population massivement vaccinée, comme c’est aujourd’hui le cas en Flandre, une surreprésentation des vaccinés est statistiquement “normale”. Si 100% de la population était vaccinée, 100% des malades le seraient même paradoxalement aussi !
Mais cela signifie peut-être qu’il faut arrêter de nous raconter des bobards, en distillant en permanence la peur et la discrimination au sein de la population.
Non, nous ne sommes des petits enfants, qui auraient en permanence besoin d’un Père Fouettard imaginaire dans le placard, ou de monstrueux chiffres “bidon” cachés sous le lit, pour nous faire peur et apprendre à nous laver les mains.
La semaine passée, c’est la vice-présidente du gouvernement wallon, Christie Morreale, également coiffée du titre de ministre de la santé, qui s’est pourtant invitée dans notre salon pour allumer à son tour le ventilateur à carabistouilles.
Elle prétendait cette fois que le Covid Safe Ticket aurait “multiplié par quatre” les demandes de vaccination en Wallonie.
Rebelotte : gros titres dans toute la presse et dans les médias, sans aucun recul ni commentaire critique. La presse relaie purement et simplement la propagande gouvernementale.
Voici d’abord comment la ministre elle-même “justifie” son bilan : « Avant que l’on annonce notre intention d’adopter le CST, aux alentours du 20 septembre, on avait à peu près 600 personnes par jour qui étaient primo-vaccinées. Et depuis l’annonce de la mise en place imminente du CST, on est quasi à 2.600-2.700 personnes par jour ».
Ce bulletin d’autosatisfaction se heurte pourtant ici encore à la réalité des faits.
Car les chiffres hebdomadaires de l’Institut officiel Sciensano racontent une tout autre histoire (voir captures d’écrans jointes).
Après les “vaccins / vacances” de l’été, la campagne de vaccination avait visiblement été “boostée”, juste avant la rentrée, par l’ouverture de la vaccination à la tranche scolarisée des 12-17 ans. Mais depuis lors, de semaine en semaine… elle n’a fait que dégringoler !
Ainsi, 259.737 doses de vaccin avaient été injectées en Belgique la semaine précédant le 25 août ; 226.034 doses avant le 1er septembre ; 90.143 avant le 15 ; 85.722 avant le 29 ; 70.030 avant le 6 octobre ; 58.287 avant le 13 octobre et 54.011 avant le 20 octobre 2021. On le voit ici, pas l’ombre d’un poil de cul d’un prétendu “effet rebond” du ” Covid Safe Ticket” dans cette lente dégringolade.
Ces chiffres concernent certes l’ensemble de la Belgique, mais ils incluent la Wallonie, et je ne vois pas par quel miracle la région wallonne aurait pu “camoufler” une soit disant “multiplication par quatre” de ses propres vaccinations dans une aussi régulière tendance à la baisse.
Que certaines personnes se soient tardivement fait vacciner “par obligation”, en espérant ainsi conserver une certaine liberté de circulation, cela me semble évident. Mais il est fort probable aussi qu’une mesure aussi discriminatoire que le “Covid Safe Ticket” en a enraciné d’autres dans leurs convictions anti-vaccinales.
J’ai croisé hier à la Brasserie de l’Union, un supporter fanatique, qui fréquente les gradins de l’Union Saint-Gilloise depuis plus de quarante ans, et qui a pourtant renoncé à son abonnement et à voir tous les matches de son Club, parce qu’on réclamait désormais un “CST” à l’entrée du stade. Alors que l’Union est en tête du championnat !
J’ai l’air de me moquer, mais il y avait dans son regard un vrai mélange de rage et de tristesse, une vraie souffrance.
Au final, le bilan vaccinal sera donc peut-être “positif” pour ses initiateurs… mais à quel prix ? Celui de l’exclusion du quart de la population d’une vie sociale “normale”, en transformant tous les autres en flics et en agents de sécurité. Bienvenue dans la modernité.
Marchands de peur et recettes de cuisine
A l’heure où ce virus saisonnier refait malheureusement parler de lui, nous ne sommes pourtant pas toujours condamnés à choisir entre la peste et le choléra, ou plutôt, entre l’inaction et la répression.
Depuis le début de la crise sanitaire, je suis en effet persuadé qu’il est possible et nécessaire de défendre, à la fois, notre santé collective et nos libertés publiques.
Je n’ai jamais écrit une ligne à ce sujet sans avoir en tête cette double préoccupation.
Voici donc cinq pistes de réflexion et de travail, qui pourraient donc toutes, me semble-t-il, améliorer notre santé en préservant nos libertés. Elles sont évidemment incomplètes et ont la maladresse des esquisses. Mais cela vaut toujours mieux que de déprimer en attendant les haruspices (3) du dernier CODECO, pour savoir à quelle sauce nous serons passés au grill ou avalés tout crus.
1. Compter nos anticorps.
Avant toute vaccination, ce devrait être le premier geste médical : vérifier l’état de nos anticorps face au COVID-19. Moins coûteux qu’un test PCR, cet examen sérologique nous indiquerait si nous disposons déjà d’une défense “naturelle” face au coronavirus.
Si c’est le cas, nul besoin de vaccin : plusieurs études montrent qu’une immunité “naturelle” est plus efficace que tous ses succédanés biochimiques.
Si ce n’est pas le cas, cela pourrait être un incitant à la vaccination pour les groupes “à risques”. Ainsi, au lieu de nous piquer à la queue leu leu comme du bétail, en généralisant déjà sans discernement une troisième dose, on examinerait l’opportunité d’une vaccination sur une base individualisée et plus “scientifique”.
Le gouvernement semble même admettre le principe d’une telle option, puisque qu’une “guérison” validée donne déjà droit à un “Covid Safe Ticket” de six mois. Mais pourquoi “six mois” plutôt que trois ou douze ? Cela relève du “vogelpic” plutôt que de la médecine. Car chaque corps réagit différemment à la maladie (et à la vaccination), et seule une analyse sérologique peut nous informer de l’état de notre système immunitaire face au COVID.
En France, un test sérologique rapide est ainsi préconisé avant toute vaccination depuis juin 2021 (4), et ceux qui sont “positifs” reçoivent une “dose” plutôt que deux. En Belgique, on vous en file directement trois !
Eh! les excités de la piquouze… malgré la réputation du “pot belge”, nous ne sommes pas des coureurs cyclistes à la veille d’une championnat du monde !
2. Booster notre immunité.
En Belgique, on ne commence à soigner les malades du COVID qu’au moment de leur admission à l’hôpital, quand le virus a déjà colonisé certains organes vitaux.
C’est totalement absurde. Comme si on ne commençait à soigner les cancéreux qu’en phase terminale. Une politique vaccinale doit pouvoir accompagner une médecine préventive ou curative, non s’y substituer.
C’est d’autant plus vrai pour une maladie où la majorité des malades restent “asymptomatiques” (ce qui signifie en fait que votre corps se débrouille très bien tout seul pour gérer et contrer le virus qui prétend s’y loger).
Même si le “pourquoi” d’une telle différence de réaction échappe encore largement aux études scientifiques, “booster” et renforcer votre système immunitaire devrait donc être le premier et le meilleur des moyens de lutter contre le COVID-19.
Une certaine hygiène de vie, certaines substances (vitamines C et D, zinc…), des plantes médicinales, ainsi que certains médicaments, semblent avoir un tel effet.
Je ne suis pas médecin, et ce n’est pas à moi (ni aux prescripteurs autoproclamés de Facebook) d’en établir la liste. Mais pourquoi ne pas faire valider par un conseil scientifique une campagne nationale d’information qui irait dans ce sens ? Comme disait ma grand-mère, “si cela ne fait pas de bien, au moins cela ne fera pas de tort” !
3. Choisir son vaccin et ses médicaments.
“L’hésitation vaccinale” a souvent une base “irrationnelle” : la peur de la nouveauté.
Mais dans le cas du coronavirus, elle me semble fondée, et les autorités sanitaires en sont les premières responsables.
Pour des questions de contrats commerciaux (préachats) et parfois de simple logistique (frigos), elles ont en effet centralisé et distribué sous la même étiquette des produits fondamentalement différents.
Or quoiqu’en disent les perroquets savants et les lapins crétins des réseaux sociaux, il y a une différence fondamentale de “nature” entre un vaccin “classique” et un vaccin “à ARN messager”.
Dans le premier cas, on “désactive” chimiquement ou par rayonnement un virus ou une bactérie, et on vous l’injecte ensuite avec un adjuvant. Vos anticorps se font ensuite des muscles face à ces chétifs ersatz, et quand les “vrais” microbes débarquent, ils trouvent “à qui parler”. Depuis Pasteur, on fait comme cela …et cela marche le plus souvent (avec quelques notables exceptions, comme le virus du SIDA).
Dans le second cas, “c’est nouveau, ça vient de sortir”, on “reprogramme” certaines de vos cellules pour qu’elles produisent elles-mêmes des morceaux de microbe (ici, la “protéine Spike”) sur lesquels vos propres anticorps vont ensuite pouvoir se faire les dents. C’est certainement une merveille de la haute biotechnologie.
Mais on touche là au plus intime de notre fonctionnement cellulaire, au cœur même du vivant. Ce vaccin cannibale a un petit côté Frankenstein, Kramer contre Kramer, “je fabrique moi-même mon microbe et son antidote”. On hésite donc parfois entre crier “au fou” et “au génie”.
Ajoutez à cela :
1. Que chaque vaccin utilise des adjuvants particuliers, avec chaque fois des effets secondaires différents ;
2. Que tous ces vaccins sont encore en phase III “expérimentale” ;
… et vous comprendrez peut-être l’incongruité de les ranger tous, dès le départ, dans le même paquet cadeau vaccinal. Car si l’un d’eux défaille, ce qui est déjà arrivé, et arrivera encore, tous les autres en seront nécessairement éclaboussés.
Je voudrais encore préciser :
1. Que les quatre vaccins chinois, les deux vaccins russes et les deux vaccins cubains restent inexplicablement bloqués aux portes de l’Europe, pour des raisons qui ont sans doute beaucoup à voir avec le commerce, et très peu avec la médecine (mais par contre, le vaccin français, qui n’existe pas encore, est déjà en précommande !);
2. Que les “médecins de famille”, qui sont pourtant ceux et celles qui connaissent le mieux l’état de notre santé, ont été complètement exclus de tout ce processus de vaccination. Je m’étonne à ce propos que l’Ordre des Médecins, généralement si sourcilleux, ait accepté sans broncher une procédure sanitaire qui contredit aussi ouvertement et la médecine libérale et liberté de prescription.
A mes yeux, il conviendrait de faire exactement l’inverse.
Il faut que votre médecin de famille puisse examiner avec vous, en fonction de votre âge et de votre état de santé, si une vaccination contre le COVID vous est utile et nécessaire.
Si la réponse est positive, il faut qu’il puisse prescrire le vaccin qui vous convient.
Si vous tombez malade, il faut qu’il puisse vous soigner avec les médicaments qu’il choisit.
Car c’est cela la médecine : soigner les gens.
On ne fait pas huit ans d’études pour donner des consultations par téléphone, pour renvoyer les malades en quarantaine avec de l’aspirine, où pour les piquer indifféremment, à la chaîne, avec le premier produit qui vous tomberait par hasard sous la main.
4. Pour un débat scientifique contradictoire.
Dans son récent bouquin, que j’ai ici même chroniqué avec les discrètes félicitations de l’auteur (6), Marius Gilbert préconisait de créer une structure scientifique permanente qui permettrait à toutes les personnes concernées par la question, de débattre de façon contradictoire et publique des stratégies à développer face au virus.
Cela permettrait de soumettre les actuelles politiques sanitaires, mais aussi les arguments de ceux qui s’y opposent, au même filtre d’un débat scientifique et réellement contradictoire. Cela me semble une excellente idée, plutôt que de soumettre le débat public à la censure permanente des algorithmes de Facebook. Il n’y a “plus qu’à”.
5. Basculer les brevets des vaccins dans le domaine public.
Aucun de nous, s’il en était informé, n’aurait l’idée saugrenue d’acheter une voiture d’occasion dans un garage déjà lourdement condamné pour escroquerie.
Or ce que nous refuserions pour une vieille bagnole, les autorités sanitaires mondiales l’ont pourtant accepté pour notre propre santé.
En 2009, le laboratoire Pfizer avait en effet été condamnés à une amende de 2,3 milliards de dollars (gloubs !) pour pratiques commerciales frauduleuses dans la commercialisation de quatre médicaments : l’anti-inflammatoire Dextra, le Zyvox, le Geodon et le Lyrica (7).
Il est aujourd’hui d’usage, dès qu’on critique la politique vaccinale du gouvernement, de brandir l’image iconographique de Pasteur, qui s’était lui-même inoculé son vaccin contre la rage, ou celle de Jonas Salk, l’inventeur du vaccin contre la polio. Argument d’autorité : qui serait “contre” de tels personnages, ou “contre” de telles inventions ? Comme si c’était la question !
Mais cela n’a franchement plus rien à voir avec la façon dont l’industrie pharmaceutique fonctionne aujourd’hui. Et on oublie souvent de préciser que Jonas Salk avait refusé de faire breveter son vaccin, pour qu’il reste accessible aux plus pauvres.
Or ce ne sont plus des scientifiques de renom ou des chercheurs de pointe qui sont aujourd’hui au pouvoir dans les grandes entreprises pharmaceutiques, mais d’anonymes actionnaires qui font suer les blouses blanches. La seule chose qui les intéresse, c’est de faire du bénef à deux chiffres. Et ils choisissent pour cela un CEO qui répond à cet objectif.
Ainsi, alors que tous les états et pouvoirs publics du monde avaient, dans l’urgence, subsidié la recherche autour du COVID, puis doublé ce budget avec des précommandes massives, les actionnaires de Big Pharma ont tranquillement privatisé les bénéfices, pour se gaver depuis sur le dos des morts et des malades. Ils viennent d’ailleurs d’encore d’augmenter le prix de leurs vaccins.
La seule façon d’échapper donc à cette logique commerciale, immorale et mortifère, pour remettre la santé au cœur des processus de production, et la rendre accessible à tous, c’est donc de faire basculer les brevets dans le domaine public.
“I want my money back”, comme dirait l’autre.
C’est promis, je m’arrête ici. Il parait qu’il y a des champignons dans les bois, en ce moment, et on ne vous réclame pas encore de “Covid Safe Ticket” à l’entrée de la foret (8).
Claude Semal, le 30 octobre 2021.
(1) QR CODE MODE D’EMPLOI
(2) https://twitter.com/Ruben_DeHerdt/status/1453094345515614215
(3) Le 3 juin 2021, la Haute Autorité de Santé en France a recommandé l’utilisation des tests sérologiques rapides (TROD), en parallèle de la première dose de vaccin, pour identifier les personnes infectées par le SARS-CoV-2 dont l’infection n’aurait pas été préalablement diagnostiquée. L’objectif ? Ne leur administrer qu’une seule dose de vaccin au lieu de deux. “On estime que 23% de la population a été infectée alors que 8% seulement ont été dépistés par test PCR ou antigénique. Il serait donc utile d’identifier tous ceux qui ont été infectés sans le savoir” expliquait-elle.
(4) art divinatoire antique qui consiste à lire l’avenir dans les entrailles d’un poulet. Cela marche aussi, parait-il, avec les chiens écrasés.
(6) “Juste un passage au JT” de Marius Gilbert UN VOYAGE EN KAYAK
(7) https://www.france24.com/fr/20090903-le-laboratoire-pfizer-ecope-dune-amende-23%C2%A0milliards-dollars-
(8) Ami·es des champignons, ce groupe “Champignons de Wallonie” est amusant et très instructif : https://www.facebook.com/groups/279295302535440
Christine Lange
Publié à 19:52h, 30 octobreAh ! mais que c’est clair et malin. Merci Claude
Paul Pirson
Publié à 13:46h, 30 octobreSuperbe article.
Camille Matthys
Publié à 12:25h, 30 octobremerciiii