LES FILLES DE COMBEROUGER par Bruno Ruiz

Il y a vingt ans lorsque je revenais à Toulouse depuis ma campagne, je traversais un petit village qui s’appelle encore Comberouger. A l’entrée, il y avait un bistrot avec une terrasse. Chaque fois, sur la terrasse, de jeunes adolescentes riaient assises sur les genoux de leurs amoureux qui sirotaient des limonades. Et à chaque fois je me disais : il faudrait que tu fasses une chanson sur ces jeunes gens, sur cette scène. Dans la voiture, je chantonnais diverses mélodies, écrivais diverses paroles, rêvais de cette chanson qui aurait pu s’appeler « Les filles de Comberouger ». La chanson se dérouleraient sur la durée d’une vie. Dans le premier couplet, on les verrait jeunes et jolies, amoureuses. Puis elles vieilliraient dans le deuxième. Dans le troisième, elles deviendraient des mamans. Dans le suivant elles seraient des grands-mères promenant leurs petits enfants dans une poussette. Comme le temps passerait vite dirait le refrain ! Dans le dernier couplet, l’une d’elles pleureraient la nostalgie du petit bistrot qui n’existerait plus…
Je n’ai jamais écrit cette chanson. Mais chaque fois que je traverse encore Comberouger aujourd’hui, je pense à cette chanson qui n’aura jamais existé que dans ma tête. Et je me dis qu’il y a dans le monde des milliers de chansons jamais écrites comme celle-là. Des chansons qui n’existent que dans la tête des automobilistes qui rêvent en traversant les villages. Et que ce sont peut-être ces chansons-là au fond qui sont les plus belles.

Bruno Ruiz (sur Facebook)

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