LES CHIENS par Bernard De Vos Dumont (sur Facebook)

Je ne dors jamais très bien. Mais ces dernières semaines, avec un plâtre à la main, c’est encore plus difficile. Vers 1h du matin, j’ai pris un calmant et je me suis endormi. Pas pensé à mettre un réveil. Je me réveille naturellement. Avec la lumière du jour au plus tard. Seulement on a changé d’heure et je me suis réveillé très en retard. J’avais prévu de petit-déjeuner avec une amie. Je me suis habillé en vitesse. Je suis allé promener le chien en vitesse. Pas le temps de le ramener à la maison. Je l’ai attaché sur la terrasse du café. Et on a commencé à prendre le petit-déjeuner à l’intérieur de l’établissement. Il faisait encore un peu frisquet ce matin. Bilbo, il aime ça les terrasses. Il peut rester des heures sans bouger. A regarder les gens passer. S’étaler de tout son long et dormir sous un éventuel rayon de soleil. Un chien de terrasse ! Quand on peut s’attabler près de lui, pas même besoin de laisse. Sauf si un chat vient le narguer, il ne bouge pas. D’un poil.

Deux policiers sont entrés. Ils ont demandé au comptoir à qui appartenait le chien. Un des policiers est venu à ma table. Il m’a dit qu’il était chargé du bien-être animal. Que le chien avait l’air malheureux. Qu’il trouvait moche de laisser les chiens dehors. Et qu’il arrivait qu’on les vole. Je l’ai rassuré : Il a toujours l’air malheureux ! Et je le soupçonne de le faire exprès. Pour attirer les sympathies, les biscuits et les bonbons. Je lui ai aussi confirmé que je l’avais à l’œil. Et que je ne resterais pas des heures, attablé à l’intérieur. Un peu plus tard, en rentrant, je suis passé au bureau de poste. Récupérer un colis. J’ai attaché mon « malheureux » à un poteau de signalisation. Il s’est couché. Y avait un rayon de soleil.
Un peu plus loin, comme à chaque fois que je passe par là, y avait une dame, enroulée dans une couverture. Avec un tout petit dans les bras. Elle dit bonjour à chaque client qui entre ou qui sort. Et demande une pièce. Elle, elle a vraiment l’air malheureux. Tout le monde feint de l’ignorer. Personne ne lui sourit. Et depuis les paiements par carte, on a plus beaucoup de monnaie en poche.

J’ai détaché le chien. Je l’ai saluée comme à chaque fois que je passe. Avec ma main presque valide j’ai fouillé le fond de ma poche. Même pas une pièce de dix centimes. Je suis entré chez moi. Et j’ai maudit mon impuissance. Je me suis demandé ce que pouvais faire. De mon côté. Seul ou avec d’autres. Cette dame est là depuis des semaines. Tous les jours je pense. Avec son gamin dans les bras. Et son air de chien battu.
Ce matin, je me suis demandé si les policiers s’étaient eux aussi habitués à ce que les chiens soient parfois mieux traités que les humains.

Bernard De Vos Dumont (sur Facebook)

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