20 février 2021
“LE GRAIN DE SABLE DANS LA MACHINE”
En cette fin d’hiver 2020-21, « Le Grain de Sable Dans la Machine », le film d’Alain de Halleux, sera nécessairement accueilli comme « l’autre » documentaire belge sur le COVID-19. Un film magnifique que la RTBF, coproductrice de la chose avec ARTE, a utilement programmé en «prime time» ce mercredi 24 février à 20h30 sur la Une. Quelle chance vous avez de ne pas encore l’avoir vu !
Je connais Alain depuis plus de vingt-cinq ans. Les hasards de la vie, à l’époque, avaient presque tissé des liens familiaux entre nous. C’est Alain qui m’a offert mon premier rôle dans un long-métrage, dans un téléfilm où je donnais la réplique à Annie Cordy (1). Mais après un autre essai « cinoche et fiction » (« Pleure pas Germaine », en 2000), c’est dans le documentaire qu’Alain va désormais exprimer tout son talent.
C’est là qu’il va pouvoir au mieux utiliser sa double formation : diplômé en Chimie Nucléaire à l’UCL, diplômé en réalisation à l’INSAS. On imagine un père murmurant dans l’ombre : « Apprend d’abord un vrai métier ».
Ou le jeune scientifique bûcheur, penché sur ses cours et ses éprouvettes, que le cinéma soudain va éblouir, kidnapper et emporter sur son cheval d’ombre et de lumière : « Voilà ce que je veux faire de ma vie ».
Cette double casquette lui forge rapidement un destin.
De Tchernobyl à Fukushima, en passant par la centrale de Tihange, Alain de Halleux devient alors le spécialiste mondial du documentaire sur l’industrie nucléaire, ses travailleurs, ses enjeux, ses dangers (2).
Avant le virus, donc, l’atome.
Déjà, le tout petit, l’invisible, l’imprévisible, sur lequel viennent se fracasser des destinées humaines, des pays entiers, et la planète elle-même.
Le cinéma d’Alain filme à hauteur d’homme, à hauteur de femme, les yeux dans les yeux, la main dans la main ; il est toujours poétique ; il prend le parti des arbres, des fleuves, des oiseaux ; et ce n’est pas pour rien que sa boîte de prod’ s’appelle « Indien Productions ». Quand lama fâché, lui toujours faire ainsi. Ugh !
Au printemps 2020, la RTBF lui commande un film sur « le virus » à la veille même du « grand confinement ». A la veille, vraiment. Ainsi, pendant que nous sommes assignés à résidence, confinés dans notre cuisine, en train de chanter pour la cafetière, de filmer la machine-à-laver, et d’applaudir à 20 heures les infirmières, les caissières et les éboueurs, Alain et son équipe s’envolent en esprit au-dessus des océans et des continents, mobilisent des équipes aux quatre coins de la planète. Ils nous ramènent des images de Bangkok et d’Amazonie, d’Equateur et du Sénégal, d’Allemagne et du Burkina Faso.
« Le grain de sable Dans la Machine» prend de la hauteur, nous prête le regard des oiseaux, le geste des arbres, le mouvement des marées.
A l’écran, on parle le français, mais aussi l’anglais, le néerlandais, l’espagnol ou l’allemand.
Chez Alain, le scientifique vérifie les faits, trie les données ; mais l’artiste toujours poétise le propos.
Son ciel est toujours étoilé. Ce n’est jamais un fond d’écran.
Une mention spéciale aux images du chef op’, Patrice Michaux, qui passe de la caméra au drone, pour filmer les vacanciers comme des microbes, ou pour offrir au film, pour trois francs cinquante de technologie, de swingants panoramas hollywoodiens.
Ou pour voler ces images au service des urgences, quand la caméra, sans un mot, nous montre la détresse et le découragement de six femmes qui viennent de « perdre » un malade. La vie, la mort. On ne doit jamais pouvoir s’y habituer.
Mais Alain, lui aussi, passe souvent derrière la caméra.
Je le soupçonne d’avoir tourné ces images d’intérieur où, en cinq plans fixes, avec une simple ombre sur un rideau qui bouge, il compose un haïku furtif au confinement.
Cette esthétique de l’image, qu’on retrouve dans les filés, les ralentis, les travelings, les mouvements de caméra, nous tire ainsi du « simple » documentaire pour nous amener vers le contemplatif, la beauté, la méditation.
Bernard Crutzen s’adressait aux utilisateurs de Facebook, de TikTok et d’Instagram (…zut, j’ai du mal à éviter le jeu des 7 erreurs). Alain de Halleux, lui, s’adresse aux lecteurs du « Monde Diplo », aux fans d’Henri Stock et d’Akira Kurosawa. Ou plutôt, il s’adresse à tout le monde. Car il ne faut pas avoir fait Polytech pour ouvrir un bouquin, marcher en forêt ou s’asseoir face à la mer.
C’est juste un autre rapport au temps, au regard, à la réflexion, aux écrans.
Dans l’action, ces deux films seront d’ailleurs sans doute perçus comme complémentaires, plutôt que comme concurrents. Ils sont du même côté de la barricade.
Mais le film d’Alain est inclusif, alors que celui de Crutzen est clivant.
L’un décrit un système, l’autre cherche des cibles.
Avec son « grain de sable » et sa « machine » – que l’on explicitera fugitivement, au détour d’un commentaire, comme un « capitalisme » productiviste et prédateur –, Alain cherche l’universalité de la fable. Et il y arrive.
Ce petit virus devient ainsi, en miroir, le révélateur du système qui l’a fait naître : prédateur, colonisateur, opportuniste, suicidaire – qui finira absurdement par tuer l’hôte qui l’héberge, comme l’homme détruit lentement (?) la planète qui l’abrite.
Et cette crise sanitaire s’annonce comme le signal d’alerte des crises à venir, économiques, climatiques ou nucléaires, qui, sans réaction de notre part, menaceront l’existence même de notre espèce.
Belle idée de réalisation : l’histoire est commentée par le virus lui-même, à qui le comédien Jacques Gamblin prête l’humanité, la sensualité et l’ironie de sa voix.
« Qui suis-je, moi, qui suis-je, à la limite du vivant et de l’inerte, pour m’adresser à vous, là-haut, au sommet de ce que la vie a fait de plus complexe ? »
« Tant d’ordres de grandeurs nous séparent… Je suis à vous ce que vous êtes à notre planète. Je ne suis qu’un bout de code génétique, un minuscule message. »
« Les faits sont là et je ne chercherai pas à les nier : j’ai tué, j’ai ruiné des vies, brisé des rêves, j’ai griffé à tout jamais les apparences de votre réalité. Aussi m’avez-vous condamné à mort sans aucune forme de procès, et je n’ai aucun doute : vous finirez par avoir ma peau. Mais êtes-vous certains de ne pas vous tromper de coupable ? ».
« Si vous accusez le grain de sable que je suis, pourquoi excusez-vous votre Machine ? »
« Elle et moi sommes semblable : notre appétit n’a pas de limite, nous colonisons les territoires, nous en détournons les ressources, nous sommes conçus pour nous multiplier ».
On finirait presque par le trouver sympa, ce foutu virus tueur, s’il pouvait, in fine, rendre à nos enfant une planète habitable par leurs propres enfants.
La courte soixantaine, le poil ras, l’œil malin derrière des lunettes de jeune homme, Alain de Halleux a la corpulence montagneuse de ceux qui, en vieillissant, font des muscles et des os plutôt que du lard. Alain ponctue souvent ses propos du rire bronchiteux du fumeur invétéré qui-arrêtera-de-fumer-la-semaine-prochaine.
Il a aussi la cordialité d’un faux calme à qui la patine du temps et trente ans d’Aïkido ont prêté le sourire des vrais gentils. Et puis, c’est un copain, et il sait que son film est bon. Aucune raison de se prendre la tête ou de se ronger les ongles. Pour des raisons bêtement techniques, on est en vidéo-zoom-conférence, mais rien, pas même une alerte nucléaire, ne nous empêchera de nous jeter « en vrai » un godet un de ces quatre, avant le prochain film – ou le prochain confinement.
Claude Semal, 19 février 2021
L’interview d’Alain de Halleux
Claude : Tu as pratiquement passé la moitié de ta vie à faire des films sur l’industrie nucléaire…
Alain (il rit, keuf keuf keuf !) : Là, j’ai envie de faire un film sur les papillons !
Bon, j’ai d’abord pas mal glandouillé comme cinéaste, mais en 2006, j’étais dans ma bagnole, et j’entends qu’en Suède, une centrale nucléaire est passée à sept minutes d’un nouveau Tchernobyl. Je te jure, j’ai eu un « satori » (ndlr : « éveil spirituel » chez les bouddhistes). Je me suis réveillé d’un coup, et j’ai commencé à faire plein de films sur le nucléaire. J’ai visité vingt-deux centrales, Tchernobyl, Fukushima, pendant sept ou huit ans, parce que pour moi, c’était une question centrale…
Claude :… Parce qu’elle risquait de rendre inhabitable l’écosystème dans lequel on vit.
Alain : Voilà. C’était ma grande crainte. Je me suis méchamment bougé le cul. J’ai aussi tourné à l’arrache une vingtaine d’épisodes d’une série qui s’appelait « Antoine Citoyen ».
Claude : J’ai vu l’épisode dans la pharmacie, celui que tu montres dans ta conférence.
Alain : Ma conférence à Namur ?
Claude : Non, celle qui est en ligne sur ton site (3).
Alain : Ah ! oui, c’est dingue comme histoire. Antoine entre dans une pharmacie à Bruxelles pour acheter des pilules d’iode. Il n’y en a pas. La pharmacienne téléphone au grossiste. Impossible d’en commander. Pour en trouver, lui dit-elle, il faut habiter dans un rayon de dix kilomètres autour de Tihange. C’est absurde, parce que pour que la pilule fasse de l’effet, il faut la prendre une heure à l’avance. Pour qu’elle te serve en cas d’accident nucléaire, tu dois donc être devin, et prévoir l’accident nucléaire une heure à l’avance.
Miaouaw! Pour la septième fois, mon chat saute sur mon bureau et miaule pour sortir.
Alain : Je saute du coq à l’âne. Il y a un rapport entre le nucléaire, le virus et « la machine ». L’énergie nucléaire, c’est une réaction nucléaire que tu maîtrises avec des « barres de contrôle ». Sinon, le bazar diverge, tu as un accident et la radioactivité se répand. Le virus, par définition, diverge et se répand rapidement si tu ne le contrôles pas. Mais notre système, ce que j’appelle « la Machine », avait lui aussi ses « barres de contrôle », et c’est la démocratie. Si ce contrôle s’arrête, la Machine « diverge » immédiatement. Et voilà. Avec le virus, la Machine a muté, et la démocratie ne contrôle plus rien du tout. La Machine nous a échappé. Ce qu’il faut trouver, c’est un vaccin contre la Machine. Voilà ce que ce film m’a appris.
Claude : Tu nous as ramené des images du monde entier. J’y retrouve aussi ton goût pour les voyages, pour les rencontres…
Alain me coupe.
Alain : Mais je n’ai pas voyagé, Claude. Je n’ai pas voyagé. Avec le COVID, c’était impossible. Je vais t’expliquer. Ce que j’ai fait, c’est monter un réseau. C’était aussi passionnant. J’ai fait travailler et j’ai payé des équipes, enfin pas moi, la prod, en Asie, au Sénégal, en Equateur, en Allemagne… Je ne voulais pas faire un film « européanocentré ». Je voulais donner la parole à ceux qui ne participent pas à « la machine », mais en subissent les conséquences.
Miaouaw! Le chat miaule, cette fois pour rentrer.
Alain : Je voulais tourner en Amazonie, je suis en contact avec une tribu là-bas, les Sarayaku, j’ai toujours été fasciné par les indiens, ma boîte de prod s’appelle Indien Productions, en fait, je suis un indien. (rire : keuf keuf keuf !). Bref. Je voulais absolument avoir un écho de là-bas, Et j’ai appris qu’il y avait un cinéaste dans la tribu, avec une bonne caméra, et c’est lui qui a tourné toutes les séquences là-bas. On a fait quelques séances Zoom ensemble pour préparer le travail, c’est rigolo, on entendait les coqs chanter au lointain, des enfants passer dans l’image, on voyait la jungle derrière lui, mais moi j’étais dans mon bureau, à Bruxelles. Et j’ai fait la même chose au Sénégal.
Claude : Moi qui te voyais en Tintin reporter…
Alain : J’adore voyager, rencontrer d’autres civilisations, c’est vrai, j’ai passé des mois entiers au Japon, mais là, c’était simplement impossible. Et finalement, c’était encore plus passionnant, parce qu’on a formé une petite communauté de cinéastes sur trois continents, on a travaillé en réseau, et en fait, on a fait le film ensemble. Le grand voyageur, dans cette histoire, c’est le virus, parce qu’il est partout chez lui sur la terre.
Claude : Comme ces autres sociétés ont-elles géré leur relation à la maladie ?
Alain : En Afrique, ils ont tout de suite pris la chose très au sérieux, parce qu’ils ont l’habitude des épidémies. Et les réseaux sociaux sont très structurés. En Amazonie, chez les Sarayakus, ils ont été chercher des plantes dans la forêt.
Ils ont eu plein de malades, mais pas de morts. Il y a plein de coins dans le monde où on échappe à la chimie et à la pharmacopée industrielle, en renforçant l’immunité, en apprenant à vivre avec le virus plutôt qu’en voulant frontalement l’éradiquer. Ce virus, c’est un terrien comme nous. Il nous oblige à faire le point. Je le vois comme un mini prophète qui nous aide à voir la réalité en face. C’est un petit bout d’ADN, c’est à dire un message. Il faut juste être capable de l’écouter.
Claude : Dans les pays industrialisés, la seule sortie de crise proposée, c’est une vaccination massive. Si tu devais faire un film sur les vaccins, aujourd’hui, tu aurais envie de dire quoi ?
Alain : Les vaccins et moi, c’est déjà une longue histoire. Je m’étais inquiété, à l’école, qu’on puisse vacciner mes enfants derrière mon dos. Mais par rapport aux vaccins, tout le monde a sa religion, je dirais. Et comme la religion, ça ne se discute pas. Je pourrais commencer à développer mon propre point de vue, mais alors, je vais commencer à cliver. Or ce qu’il faut trouver aujourd’hui, c’est ce qui nous rassemble. Ce qu’il faut trouver, c’est un vaccin contre la machine… !
Miaouw ! Mon chat veut re-re-re-re-rentrer. Je crois que je vais le faire empailler.
Alain : Il y a un tsunami qui arrive, et nous, on est en train de discuter de la forme du château de sable. Les vrais problèmes me semblent beaucoup plus graves : l’économie, les inégalités, la perte de biodiversité, le réchauffement climatique… L’avenir sera très très sombre. Comme dit Carola Rachete dans le film : « Si y’en a qui disent que 2020 est une année terrible, je pense que dans quelques années, ils rêveront de revenir en 2020. » Je vois ça comme elle. Mais en attendant, il faut encourager tout ce qui nous rassemble, tout ce qui nous relie. Des kets qui jouent au foot ensemble, c’est super. Trois mammys qui en invitent une quatrième pour faire un bridge, c’est devenu révolutionnaire. Tu fais un journal libre, ça relie les gens. C’est aussi révolutionnaire. Ca va vers la vie, et c’est ça qu’il faut faire. C’est pourquoi il est aussi tellement urgent de rouvrir les théâtres, les salles de concerts, les salles de sport. Il faut donner aux pauvres humains l’occasion de se réunir à nouveau. Pour ne pas nous retrouver, comme dans « 1984 », le roman prophétique d’Orwell, coincé tout seul dans nos chambres avec notre ordinateur.
Claude : 20.000 avocats belges viennent d’écrire au gouvernement pour s’inquiéter de la mise entre parenthèse de l’état de droit. Tu en penses quoi ?
Alain : Dans cette histoire de virus, c’est l’état de la démocratie qui m’inquiète le plus. Le virus, il a déjà sauvé Macron des Gilets Jaunes ! A la RTBF radio, Arnaud Ruyssen a fait une superbe série d’émissions sur la démocratie. Une des choses qu’il constatait, c’est qu’après chaque grande crise, la première guerre mondiale, la seconde guerre mondiale, Mai 68, il y a un ressourcement de la démocratie. Après le crash, le renouveau.
Donc, dans un sens ou un autre, après cette crise, il va se passer quelque chose.
Ou bien la dictature, ou bien une nouvelle démocratie. Cela ne suffit pas de voter pour un député une fois tous les quatre ans. Il faut ressourcer cette démocratie en prenant nous-mêmes les choses en main. Si on ne fait rien, c’est sûr, on va glisser vers le brun.
Claude : D’une certaine façon, il me semble qu’on est train de passer d’une société ou tout était permis, sauf ce qui était interdit, à une société où tout est interdit, sauf ce qui est permis.
Alain : Et ça fait une grosse différence. Ca prive les individus du choix de leur existence. Mais en même temps, le virus interroge la question de la liberté. C’est quoi, « la liberté » ? Consommer toujours plus, voyager en avion, démolir la planète, Youpee ! …Je fais ce que je veux ! Est-ce que c’est « la liberté », ou bien l’assouvissement de simples « désirs » ? Construire quelque chose avec les autres, faire ce que tu penses devoir faire, quel qu’en soit le prix, c’est une autre forme de liberté. Je crois que Mandela, dans sa prison, il se sentait libre. Et avec lui, il a libéré des millions de personnes.
Claude : C’est marrant, ton documentaire à un côté « film-catastrophe », tu n’arrêtes pas de nous raconter des horreurs et de prévoir le pire, et pourtant, il a un côté « feel good », on en sort plutôt apaisé, presque réconforté.
Alain : Avec cette crise, tout le monde est parti dans des conflits, dans des croyances. Si mon film dégage du calme, j’en suis ravi. Le film ne fait que dire ce que tout le monde sait. Je mets simplement les choses ensemble. Il n’y a pas de scoop. Je ne « dénonce » rien. Je raconte une histoire, et en faisant parler le virus, j’ai essayé de trouver un souffle épique à la hauteur de l’évènement. On a besoin de récits, on a besoin de fables, on a besoin de poésie.
Claude : c’est vrai qu’on croule sous les infos, alors que le monde nous semble de plus en plus incompréhensible. …Ah ! je ne t’entends plus, là.
(Zoom ne laisse plus passer que l’image, mais je n’ai plus le son).
Alain (surgissant du néant) : … c’est quand je reçois des appels téléphoniques, cela brouille la ligne.
Claude (éclatant de rire) : Ah ! Ah ! Ah ! Trop d’informations tue l’information.
Alain (au quart de tour): Ah ! Ah ! Ah ! (Mais j’entends keuf ! keuf ! keuf !).
Le chat : Miaouw ! Miaouw ! Miaouw ! (Mais je ne sais même plus s’il veut rentrer ou sortir).
Claude : Maintenant que le film est fini, y a-t-il une chose qui te semble manquer dedans ?
Alain : J’ai 250 heures de « rushes », 50 heures d’interviews. Rien que pour les écouter une fois, il me faut une semaine ! Et avec ça, je n’ai pas encore monté une minute du film. J’aurais pu faire un fil de trois heures.
Alors bien sûr, il y a des tas de choses merveilleuses que je n’ai pas pu mettre dans le film. J’avais aussi espéré pouvoir donner des pistes plus concrètes de sortie de crise, « par où on doit aller », car j’ai interviewé des tas de gens passionnants. Montrer des « solutions ».
Mais en même temps, c’est bien que cela ne se trouve pas dans le film. Car « Où on doit aller », cela doit faire l’objet d’un débat, et cela n’a pas beaucoup d’intérêt que j’impose ma vision des choses. Les réponses, il va falloir les construire ensemble.
Propos recueillis par Claude le mercredi 17 février.
(1) « Fanny se fait un sang d’encre », RTBF / Aligators Films
(2) « RAS Nucléaire, rien à signaler » (2009), « Chernobyl 4 ever » (2011), « Welcome to Fukushima » (2013), « Fukushima 4 ever » (2014)
(3) www.lindi25.wixsite.com/alain-de-halleux , une super conférence sur le nucléaire vous y attend.
Irene Kaufer
Publié à 10:51h, 25 févrierJ’ai regardé le documentaire hier. Merci à Alain de Halleux pour son travail et à Claude Semal de nous avoir donné tellement envie de le voir. Beaucoup apprécié, juste une remarque : la « Machine » m’a semblé présentée de manière trop globale, sans faire assez de différence entre celles et ceux qu’elle broie et les autres qui sont aux commandes des rouages, ou encore la masse des entre-deux. Non, les responsabilités ne sont pas partagées par tou·tes, et sûrement pas au même degré. Mais bon, puisque c’est le virus qui parle, il a peut-être une vue trop générale, puisqu’il peut infecter tout le monde…
En tout cas, j’espère que le documentaire sera acheté par d’autres télés, et suivi de débats (sans Sacha Daout).
Nelly Lesire
Publié à 06:46h, 20 févrierJe me réjouis de voir ce film. Je serai au rendez vous devant mon petit écran.!Merci Claude pour ce bel article plein de promesses !!! J’aime beaucoup l’idée de faire parler le virus. Belle rencontre avec Alain de Halleux ! À mercredi !!!
Alain de Halleux
Publié à 08:36h, 22 févrierMerci Nelly ! Claude a fait un super boulot. On ne se rend pas compte du temps que prend la rédaction d’un article comme celui-là. By the way, aucun journaliste n’a pris le temps de me rencontrer et de s’interroger avec ce film sur la nécessité de débattre ensemble de notre sort collectif.