« JOLIE COIFFURE » ET SABINE EN CENTRE FERMÉ par Pierre Duculot

Bonjour Claude

Je me permets de vous écrire pour une information qui pourrait susciter l’intérêt de l’Asymptomatique.
C’est relatif à l’arrestation de Sabine Amiyeme, personnage principal du film « Chez Jolie coiffure » de Rosine Mbakam, qui se déroule dans un salon de coiffure du quartier Matonge d’Ixelles, et que j’ai eu la chance de coproduire avec WIP.
Sabine , coiffeuse de profession, est arrivée en Belgique en 2011. Dès son arrivée, elle a commencé à travailler dans un salon de coiffure dans la galerie du quartier Matonge à Bruxelles. Elle a fini au prix d’un dur labeur à avoir son propre salon en sous-louant un espace.
Depuis 2017, Sabine a pu ouvrir un grand salon de coiffure et un restaurant à Liège.
Sabine est cheffe d’entreprise, elle a des employés et paye comme toute petite entreprise ses impôts et ses taxes. Aujourd’hui, sa vie est en Belgique au milieu de ses amis (es), de ses clients (es) et de son travail.
Après plusieurs refus de régularisation, Sabine a décidé d’essayer une dernière fois en juin de déposer une nouvelle demande après des années de découragements.
La décision est tombée, un autre refus, cette fois avec une arrestation à la clé sur son lieu de travail. Depuis le mercredi 2 octobre 2024, Sabine Amiyeme est enfermée au centre fermé de Holsbeek, laissant ses employés sans salaire, la gestion de son salon de coiffure et son restaurant en suspens.
La situation de Sabine démontre l’absurdité de notre système et l’inhumanité des lois d’immigration. Un recours d’urgence a été introduit le lundi 7 octobre 2024 sans succès. Sabine est sous la menace imminente d’un rapatriement au Cameroun et ce matin elle a été emmenée à l’aéroport.
Elle laisserait derrière elle treize ans d’une nouvelle vie construite patiemment en Belgique tant sur le plan affectif et que matériel. Il n’y a rien qui attend Sabine au Cameroun.

Amicalement, Pierre Duculot

Mercredi 23 octobre, 19h, à Bruxelles PROJECTION au Cinéma Galeries de  « Chez Jolie coiffure », film dont Sabine est le personnage central, avec prise de parole de la réalisatrice sur sa situation actuelle.
DÉBAT avec le public sur les politiques migratoires en Belgique, avec notamment Sotieta Ngo, directrice du CIRÉ
Les recettes de la soirée permettront de financer les frais de justice pour la défense de Sabine.
Sabine a été amenée mardi 15/10 matin à l’aéroport pour une première tentative d’expulsion. L’avocate lui avait expliqué qu’elle est en droit de refuser et normalement elle devait être reconduite au centre fermé.
Une soirée à Liège est prévue aux Grignoux (infos de Marie Wiener).

LETTRE DE ROSINE MBAKAM

Chers (es) tous (es)
Je me permets de vous écrire ces quelques mots suite à l’arrestation de Sabine Amiyeme, amie et personnage principal de mon film « Chez Jolie coiffure ».
Cela fait maintenant 17 ans que je suis arrivée en Belgique pour faire des études de cinéma. A la fin de mon cursus, j’ai décidé de rester ici pour y vivre et me construire un avenir professionnel.
En tant que camerounaise et noire, j’ai eu comme toute personne de la communauté africaine en Belgique la peur d’être dans une situation où je n’aurai plus eu le droit de rester sur le territoire belge même si je n’ai jamais connu cette situation.
L’expérience de mon film « Chez jolie coiffure » m’a confronté au privilège que d’autres n’avait pas. Malgré mon expérience et ma situation, rien n’a pu dissiper en moi cette peur que tout(e) africain (e) ou toutes personnes originaires d’un pays n’appartenant pas à l’Union Européenne peuvent ressentir : la peur d’être clandestin et de perdre tout droit.

L’arrestation de Sabine me rappelle aujourd’hui qu’en tant que noir tout peut basculer à tout moment. J’ai connu Sabine en 2015 à l’occasion du tournage du film « Chez jolie coiffure ». Ce film est le fruit de cette rencontre. Grâce à la générosité de Sabine qui a ouvert son salon à ma caméra, j’ai pu saisir tout un pan de l’histoire de la communauté camerounaise et africaine en Belgique. Ce film a touché des spectateurs de par le monde en raison de l’humanité et de la bonté de Sabine qui infusent dans film.
Ce documentaire nous permet de comprendre la vie et le parcours de Sabine avant son arrivée en Belgique. Le fait de participer à un tel projet témoigne d’une grande force et d’un grand courage de la part de Sabine. Il en faut beaucoup pour parler à visage découvert, avec toute son humanité quand on est dans une telle situation.

Sabine, coiffeuse de profession, est arrivée en Belgique en 2011. Dès son arrivée, elle a commencé à travailler dans un salon de coiffure dans la galerie du quartier Matonge à Bruxelles. Elle a fini au prix d’un dur labeur à avoir son propre salon en sous-louant un espace. Depuis 2017, Sabine a pu ouvrir un grand salon de coiffure et un restaurant à Liège. Sabine est cheffe d’entreprise, elle a des employés et paye comme toute petite entreprise ses impôts et ses taxes. Aujourd’hui, sa vie est en Belgique au milieu de ses amis (es), de ses clients (es) et de son travail.
Après plusieurs refus de régularisation, Sabine a décidé d’essayer une dernière fois en juin de déposer une nouvelle demande après des années de découragements. La décision est tombée, un autre refus, cette fois avec une arrestation à la clé sur son lieu de travail.

Depuis le mercredi 2 octobre 2024, Sabine Amiyeme est enfermée au centre fermé de Holsbeek, laissant ses employés sans salaire, la gestion de son salon de coiffure et son restaurant en suspens. La situation de Sabine démontre l’absurdité de notre système et l’inhumanité des lois d’immigration.
Un recours d’urgence a été introduit le lundi 7 octobre 2024 sans succès.
Sabine est sous la menace imminente d’un rapatriement au Cameroun. Elle laisserait derrière elle treize ans d’une nouvelle vie construite patiemment en Belgique tant sur le plan affectif et que matériel. Il n’y a rien qui attend Sabine au Cameroun.
Cette mobilisation médiatique est un dernier recours que nous lançons pour empêcher le rapatriement de Sabine.

Rosine Mbakam et toute l’équipe de Tândor productions

1 Commentaire
  • Alexandre Plennevaux
    Publié à 12:50h, 19 octobre

    Scandaleux, révoltant, triste. Quel gâchis pour la Belgique, et quel drame pour cette courageuse personne. Que pouvons-nous faire ?

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