JE REVENDIQUE CETTE PEUR par Romain Dudek (sur Facebook)

On a tous très peur, moi le premier…
Au moment de glisser le bulletin dans l’urne, au moment de regarder les posts Facebook ou Instagram ou autres, au moment de (pour ceux qui aiment vraiment se faire du mal) regarder la télé, le sentiment qui va dominer, c’est la peur.
Elle est là, elle flotte dans l’air, elle recouvre un ciel qui pourrait être bleu et qui nous paraît noir, un coucher de soleil magnifique plein de couleurs qu’un vol de corbeaux assombrirait.
Être à l’affût des signes, regarder la couleur des bulletins dans la poubelle de l’isoloir, regarder la tête des gens avant, après, chercher des sondages sur la participation, sur les votes anticipés, appeler tel ou tel dont on sait qu’il a des informations confidentielles et pour les courageux qui vont dépouiller, cette petite décharge d’adrénaline dans le ventre ou dans le cœur à chaque fois qu’un nom est prononcé… C’est de la peur.
Je revendique cette peur.

Elle a été chez moi la cause d’un grand trouble depuis une semaine. Oh bien sûr, ça n’était pas que cela, j’ai des raisons personnelles d’avoir été affecté au-delà du raisonnable, mais on en a tous n’est-ce pas ?
Et à moins d’être aveugle et sourd, ou d’être un monstre d’insensibilité, il est difficile de ne pas voir et de ne pas entendre la violence du monde qui nous entoure et de ne pas en être affecté.
J’ai pris le parti de m’isoler. À la fois pour écrire parce que c’est ce que je sais faire de mieux et que c’est aussi ce qui me procure le plus de joie dans la vie, à la fois pour me protéger…
J’avais décidé de ne pas vivre ce moment atroce de la proclamation résultats, d’en décaler l’impact qu’il pourrait avoir sur moi en n’écoutant rien en refusant obstinément de savoir, mais le hasard (le destin peut être, va savoir ?) m’a envoyé sur un autre chemin.

Mes amis, ne laissons pas la peur l’emporter. Ne nous laissons pas voler notre joie, notre force de vie, notre capacité à construire à créer, à rire, à jouir et à s’aimer follement, déraisonnablement. Ce soir, je serai au cœur de Lyon, entouré de tas de gens que je ne connais pas encore et que j’ai hâte de rencontrer. Et ça me fait peur.
Et je revendique cette peur, parce qu’en regardant au fond de moi ces derniers jours, je l’ai faite mienne, je l’ai apprivoisée. Elle est toujours là, mais elle ne me domine plus. Je n’ai plus peur de ma peur ! Et c’est une grande victoire.
Ce soir, quels que soient les résultats, ça ne sera pas la fin du monde… Ça, c’est ce que la peur voudrait qu’on croit, je sais, elle me l’a dit. Ce soir, c’est l’occasion d’apprendre à apprivoiser sa peur.
Et de lui prouver qu’on est capables de continuer à s’aimer, follement, déraisonnablement.

Romain Dudek (sur Facebook)

NB : Romain n’est pourtant vraiment pas un peureux. Il y a quelques années, il a fait fuir tout seul, sur un marché à Dieppe, une dizaine de gros-bras du Rassemblement National, rien qu’avec son culot, son courage et son obstination, en criant pendant une demie heure : “Le RN n’est pas le bienvenu à Dieppe ! Poisson dieppois, poisson de choix !“. Et il avait tout filmé avec son téléphone. Cette vidéo-document est dans l’Asympto : Les gars de la Marine : POISSON DIEPPOIS, POISSON DE CHOIX !

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