30 octobre 2024
JE CONNAIS BIEN CET ENDROIT SINISTRE… par Bernard De Vos Dumont (sur Facebook)
Je ne m’y ferai jamais. Avec Melilla, c’est l’un des deux seuls passages terrestres qui relie l’Afrique à l’Europe. A l’entrée de cette minuscule bande de terre, des dizaines de kilomètres de hautes clôtures électrifiées. Surmontées de herses assassines. Et un système de surveillance sophistiqué. Le tout rend désormais impossible le franchissement terrestre de la frontière.
Pourtant, entre deux des dizaines de fourgons de police, postés à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, sous les projecteurs, des petits groupes se rassemblent. Espérant la faille. Certains de mettent à courir subitement, tentant vainement de s’accrocher à l’arrière d’un camion.
Cet endroit suinte le désespoir.
Face à la bunkerisation et la militarisation, des milliers de personnes, souvent des très jeunes, tentent désormais leur chance à la nage. Depuis les plages de Fnideq, dernier village marocain, elles longent la côte. La traversée, très dangereuse en raison des courants, fait entre 3 et 8 kilomètres. Mais, malgré ces risques, les jeunes Marocains sont de plus en plus nombreux à raconter leur histoire sur les réseaux sociaux. Et donner des conseils aux suivants…
Il y a trois semaines encore, des centaines de jeunes se sont donnés rendez-vous sur les réseaux et se sont mis à l’eau pour une nouvelle tentative de rejoindre l’eldorado européen. La police les en a empêchés. Seuls quelques-uns ont touché la rive espagnole. Un d’entre eux au moins à perdu la vie dans les flots.
Cette nuit, j’ai dormi sur un parking à Ceuta. La pluie n’a pas cessé de tomber sur ma vieille Belingo. Mais ce n’était pas la seule à m’empêcher de dormir. Du sommeil du juste…
Bernard De Vos Dumont (sur Facebook)
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