
28 janvier 2025
IXELLES, ADIEU par Isabelle Schmidt (sur Facebook)
Un jour, un souvenir… La semaine prochaine, je serai « radiée » de la Belgique. Les administrations de notre pays ont décidément autant l’amour des mots et du drame que moi. Avant de m’en aller, j’irai promener ma nostalgie à travers la ville, j’écrirai les premières remontées, et me permettrai un au revoir aussi relatif que peut l’être ma mémoire.
Ixelles. J’ai vécu chez toi longtemps, j’ai monté et descendu ta chaussée à vélo, à pied, en bus, en taxi. Rue Scarron notamment. Un appartement dont j’ai chéri l’imperfection. Avec Carlos, on a ri quand la douche s’est présentée juste à côté de la table à manger, les toilettes sur le balcon, combien de fois s’est-on gelé les fesses quand la nuit avait rempli notre vessie. Mais il était à nous, avec cette belle hauteur sous plafond nécessaire à son mètre 98, il baignait de lumière et d’amour. Je rentrais tard, les pieds endoloris par 6H de service en salle, il restait du riz aux lentilles et des légumes cuits à la perfection, il m’attendait pour voir si tout allait bien. Me rendre à ce toit et à ses bras suffisaient pour me remplir d’un plus que bien.
Et puis Ixelles, c’est Fernand Coq, ce sont nos après-midis au soleil, avec Charlotte, à rire, à enchainer les mauvaises bières, toutes fauchées qu’on étaient et bronzer nos nez, à tourner nos chaises à force de rester. C’est dix ans de complicité, de rituel identique alors qu’on avait tellement changé. Charlotte est mon printemps, ma rue Van Aa, ma belle amitié.
Ixelles, c’est enfin Cécile et la danse. 5 rythmes dans mon corps, des heures de chaos, toujours à suivre le flow, c’est beaucoup trop transpirer, c’est le jour où j’ai rencontré mon rocher.
Ixelles, c’est encore mes ballades au Chatelain, aux Petits Riens, c’est La Bascule, c’est Georges et Théo, c’est la place du Luxembourg, et mes lèvres trempées dans la Westmalle, c’est marcher en lisant, c’est la solitude avec toi, c’est mon quartier de pré-adulte, mes bêtises d’expériences.
Merci de m’avoir laissée trébucher sur ta place Flagey, merci de n’avoir jamais jugé mon ridicule, mon manque de sagesse, merci de m’avoir laissée marcher dans tes flaques, pieds nus, autour des étangs. Merci pour l’innocence, pour le sans limite, pour les crises, les cris au milieu des carrefours…
Isabelle (sur Facebook)
Jacques Henkinbrant
Publié à 21:10h, 17 févrierTrès touchant, même si je connais peu Ixelles, et encore moins les belles rencontres qu’Isabelle à pu y faire…