22 mars 2025

France 22 mars : MANIFS ANTIFAFS ET LFI BASHING par VOSKE (expert en tout)

À l’occasion de la journée internationale contre le racisme, près de 200 manifestations sont annoncées ce 22 mars dans toute la France « pour lutter contre le racisme et l’extrême-droite ». Cet appel a été initié par la Marche des Solidarités et dix-huit collectifs de personnes migrantes en lutte, et est appuyé par plus de 220 associations et syndicats (1).
Il a également été relayé par une campagne nationale de la France Insoumise (2).

Cette journée prend une importance particulière, cette année, avec la victoire « illibérale » de Trump aux USA, avec la poursuite de la guerre génocidaire de Netanyahu en Palestine, et avec la présence des idées de l’extrême-droite au sein même du gouvernement français (Retailleau et Darmanin). Sans parler du rôle du Rassemblement National et du parti « Reconquête » d’Éric Zemmour, qui sont les propagandistes directs du racisme et de la xénophobie dans la société française.
Dans ce climat très particulier, les groupuscules néo-nazis sortent aujourd’hui du bois et passent aux actes en toute impunité (agressions de rue, incendies, attentats politiques). À cette aune, il est minuit moins quart dans le siècle.

Or cette mobilisation anti-raciste, qui devrait massivement mobiliser toutes les forces des démocrates, est aujourd’hui médiatiquement détournée par une attaque en règle contre la France Insoumise, au motif qu’un de ses « visuels », représentant Cyril Hanouna, serait « antisémite ».
En témoignent par exemple, à la veille même de ces manifestations, l’éditorial anonyme du quotidien « Le Monde », que le journaliste Denis Robert qualifie « d’immonde » (3), mais aussi, le même jour, deux articles « anti LFI » sur le site Médiapart, qui ont provoqué les réactions indignées de plusieurs lecteurs (4).
Sans compter, le 20 mars, une interview de Mathilde Panot dans « Libération », avec dix-huit questions « à charge » – et pas une seule portant sur les dangers de l’extrême-droite, qui sont pourtant, en principe, l’objet de ces manifestations !

Le visuel de LFI incriminé fait partie d’une série d’affiches reprenant les visages de figures médiatiques de l’extrême-droite, comme Pascal Praud et Hanouna, éditées en noir et blanc, avec pour slogan « contre l’extrême-droite, ses idées et ses relais ». L’angle « d’attaque » me semble plutôt bien choisi.
Mais l’affiche avec le visage grimaçant de Hanouna aurait évoqué, aux yeux de certains observateurs, les affiches antisémites des années trente. Elle a donc été retirée des réseaux sociaux au bout d’une heure, et présentée comme une « erreur » par Manuel Bompart et Mathilde Panot. Manque de bol : depuis lors, on ne parle plus que de celle-là – le sujet ayant pratiquement éclipsé celui de la mobilisation antifasciste ! Ce qui est pour le moins absurde.
Mais enfin, pour cracher sur la France Insoumise, ce n’est jamais le personnel médiatique qui manque.

Or cela fait près de dix ans que je lis régulièrement toutes les publications de la France Insoumise, et avant cette polémique débile, j’ignorais même que Cyril Hanouna fut juif !
C’est vous dire si, dans « nos milieux », on se fout complètement de l’origine ou de la religion des gens. Ce n’est pas un sujet, et cela n’en sera jamais un. Jamais. Par contre, qu’Hanouna soit une créature de Bolloré, un des plus grossiers personnages du PAF, et depuis quelques temps, un des fourriers de l’extrême-droite, oui, bien sûr, je le sais. Et c’est à ce titre-là, et à ce titre-là seulement, qu’il était attaqué.

Après, il y a la façon de procéder. La « défense » de LFI fut, je trouve, pour le moins maladroite. Le député Paul Vanier a évoqué « l’usage de l’Intelligence Artificielle » – qui aurait accentué certains traits du visage d’Hanouna. Bon.
Il y a probablement suffisamment d’excellents graphistes, autour de la France insoumise, pour s’épargner ce genre de programme graphique, mais enfin, c’est un autre sujet. La vérité, c’est que l’Intelligence Artificielle n’est qu’un outil. C’est un « valet » à votre service. Ce n’est pas un « maître » qui vous dicte sa loi. On peut alors accepter ou refuser ses « propositions ».
Le problème n’est donc pas « technique ». Il est politique et organisationnel. C’est celui du protocole de validation des « visuels » d’une campagne nationale de la France Insoumise.
Peu importe le nom de la personne qui avait dernièrement cette tâche en charge. C’est ce protocole qu’il faut améliorer, probablement en le rendant plus collectif. Cela ne coûte pas grand-chose de le dire. Et encore moins de le reconnaître.

Or à l’évidence, cette affiche n’était pas « bonne ». Non qu’elle fût, en soi, « antisémite » (comme je l’ai déjà souligné, le « judaïsme » d’Hanouna n’a même jamais été évoqué par les insoumis), mais parce qu’elle a, de fait, détourné l’attention de l’objet principal de la mobilisation (qui est l’antifascisme et l’antiracisme) sur la caricature de la gueule d’un animateur télé.
Hanouna n’a en outre pas besoin d’être « caricaturé » pour être un repoussoir. C’est une caricature en soi. Depuis sa romance avec la fille de Brigitte Macron, il est même devenu, en quelque sorte, le beau-fils du Président de la République !

Je peux donc comprendre la colère d’un Mélenchon – qui se voit pour la vingtième fois reprocher un « antisémitisme » imaginaire pendant que s’empilent encore à Gaza, ces heures-ci, quelques nouvelles centaines de morts civils sous les bombes du gouvernement d’extrême-droite israélien, avec l’imprimatur du gouvernement d’extrême-droite de Trump, et sous le silence complice de l’extrême-droite française. Ce « deux poids, deux mesures » a parfois quelque chose de suffoquant.
Dans ce contexte diffamatoire, certains diront même que, quelque que soit le « visuel » utilisé par les Insoumis, il se serait toujours trouvé quelqu’un pour le trouver « antisémite ». Ce n’est pas faux non plus.
Mais ce n’est pas une raison pour forger soi-même, un tant soit peu, le bâton avec lequel on pourrait vous battre.

C’est comme ça. Parce qu’ils et elles occupent une place absolument centrale au cœur de la recomposition de la gauche, les Insoumis·es sont condamné·es, dans tous les domaines, à l’excellence. Quand on voit tout le boulot qu’ils ont déjà abattu, en dix ans, on peut penser qu’ils n’en sont parfois plus très loin. Mais le moindre erreur se paye cash.
En attendant, ce 22 mars, allons donc marcher massivement contre les partis qui sèment la haine et la violence dans la société française. Et gardons toute notre gratitude à tous ceux et toutes celles qui travaillent, chaque jour un peu plus, à préparer le printemps.

par VOSKE (expert en nez, gorge, orteils)

(1) https://france.attac.org/se-mobiliser/contre-la-repression-et-le-racisme-pour-les-libertes-publiques/article/samedi-22-mars-journee-mondiale-contre-le-racisme-et-le-fascisme-l-heure-de-la
(2) https://lafranceinsoumise.fr/2025/02/27/samedi-22-mars-manifestations-contre-le-racisme-et-le-fascisme/
(3) « LE MONDE » IMMONDE par Denis Robert
Je ne fais pas souvent ça, et je crois que je ne l’ai jamais fait concernant le Monde que je lis, parfois avec agacement, souvent avec plaisir, quasiment tous les jours. Là, un de mes amis vient de m’envoyer l’édito du jour qui revient sur l’histoire des affiches de la FI et sur Jean- Luc Mélenchon qui est taxé dans cet édito d’antisémite qui peinerait à s’excuser à cause de ces fameuses affiches. Je m’en suis déjà expliqué ici. Je suis peut-être de la vieille école qui veut qu’un édito soit la vitrine d’un journal porte la parole d’un collectif. Si j’étais journaliste au Monde aujourd’hui, j’aurais honte. Le journal reprend ici les poncifs matraqués chez Bolloré. Il franchit une limite où, si on lit bien, on trouve aujourd’hui plus d’excuses au RN qui n’est quasiment plus taxé d’antisémite qu’à la FI. Alors qu’il faudrait être rigoureux, sérieux et factuel le Monde hurle connement avec les loups. C’est immonde (Denis Robert, sur sa page Facebook)
(4) Par exemple : Médiapart tente de faire de cette importante mobilisation anti-raciste un rassemblement anti-LFI et anti-Mélenchon. C’est juste abject (Berenicelle) ou encore ceci : Médiapart, le journal qui dénonce le fascisme mais se vautre dans la propagande abjecte qui le fait advenir. Sérieusement ? La veille d’une manifestation unitaire contre le fascisme vous n’avez rien trouver de mieux que de consacrer votre éditorial à attaquer – sans aucun élément tangible et de concert avec toute l’extrême droite – une des rares organisations qui porte encore l’antifasciste de façon conséquente dans le champ politique ?? Je résilie mon abonnement dès demain. Je regretterai une partie importante des contenus mais votre ligne éditoriale est devenue vraiment nauséabonde (Crokodil).