12 juin 2021
RAPHAEL ENTHOVEN APPELLE A VOTER LE PEN CONTRE MELENCHON (par le blog CPPN)
Il y a environ un an, j’avais écrit une série d’articles sur la diabolisation de la gauche en parallèle de la dédiabolisation de l’extrême-droite.
J’y écrivais ceci dans l’article introductif : “jamais l’extrême-droite n’est arrivée au pouvoir dans un pays en obtenant une réelle adhésion majoritaire de la population. Quand elle est arrivée au pouvoir par les urnes, elle y est parvenue quand elle a pu disposer d’un socle électoral important mais minoritaire, du soutien des élites économiques et du ralliement, par défaut, de « modérés » qui avaient été convaincus préalablement qu’entre l’extrême-droite et la gauche, la première était moins dangereuse que la seconde.”
Raphaël Enthoven vient de publier un fil twitter qu’il conclut en annonçant qu’en cas de second tour Le Pen-Mélenchon il irait voter Le Pen et résume ainsi très bien le processus en cours.
Les flirts d’Enthoven avec l’extrême-droite ne sont pas récents et on pourrait m’objecter que ce message de cet éditorialiste à prétention philosophique est anecdotique (tout comme son auteur). Mais ce n’est pas le vote d’Enthoven qui m’intéresse, ni même sa personne. C’est le fait qu’un individu qui n’a jamais pris une position publique qui ne faisait pas consensus dans son milieu, qui coche toutes les cases de la notabilité médiatique (Emissions sur Arte et LCI après d’autres émissions présentées sur France-culture ou Europe 1) et qui s’apprête à diriger un hebdomadaire papier à la rentrée si on en croit les rumeurs (qu’il distille lui-même) puisse – sans prendre le moindre risque pour sa carrière – afficher désormais une préférence pour l’extrême-droite face à un candidat qui – aussi diabolisé soit-il – ne présente finalement qu’un programme classiquement social-démocrate.
Le fil twitter d’Enthoven vaut le coup d’oeil car je crois que son argumentaire sera dominant dans la campagne à venir et il est bon de s’y préparer. A aucun moment il ne parle du racisme du RN, parti qui n’est jamais qualifié d’extrême-droite. Le registre de langage pour qualifier Marine Le Pen est toujours dépréciatif mais plutôt mesuré.
En revanche, quand il faut présenter la FI, les hyperboles ultra-dramatisantes entrent en scène : “climat de terreur que l’islamogauchisme fait régner à l’université”, “S’il était élu, il y a fort à parier qu’à 71 ans, Mélenchon entamerait une carrière de dictateur” (le risque de dictature d’extrême-droite est évoqué mais lui semble moins probable).
Bref, partant d’un fantasme de péril mortel que les mouvements de gauche et antiracistes représenteraient pour le pays, il conclut que l’extrême-droite serait un moindre mal. Il ne sera pas le dernier à faire ce saut pseudo-logique, conclusion évidente de la préparation de l’opinion depuis plusieurs années.
Dans ce climat médiatique, une participation massive aux rassemblements du 12 juin est donc une nécessité. Vous vous ferez insulter dans les médias et vous respirerez sans doute des gaz lacrymogènes mais il ne faut pas céder d’un pouce et une faible mobilisation serait une incitation pour l’extrême-droite à aller encore plus loin – et elle en est déjà à faire des tutos Youtube sur comment tuer des militants de gauche et aux appels au soulèvement militaire par voie de presse, le tout avec l’assentiment croissant de la notabilité médiatique.
CPPN – blog
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