06 avril 2021
« Boum » tragique au Bois de la Cambre : SOPHIE MARCEAU, REVIENS… ILS SONT DEVENUS FOUS !
Après la fête improvisée au Parc de la Boverie, à Liège, la vraie / fausse « boum » du 1er avril du Bois de la Cambre, à Bruxelles, exprime une fois de plus le refus d’une partie de la population et de la jeunesse face aux mesures « sanitaires » du gouvernement.
Le bourgmestre de Liège avait choisi de fermer les yeux – ce qui lui fut parfois reproché.
Le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close, a préféré engager des moyens de guerre contre les contrevenants, en lançant sa cavalerie et ses autopompes sur ces deux mille pogoteurs en herbe.
Autour de cet étang tranquille, où tous les Bruxellois se sont promenés un dimanche matin, on assista donc ce premier avril à de véritables scènes de guerre, les chenilles des autopompes labourant la prairie, les chevaux au galop chargeant les fêtards, les canons à eau dispersant les manifestants.
Avant que trois cents gendarmes en ligne, avançant d’un pas martial comme des grognards de Bonaparte, n’évacuent le champ de bataille de ce Waterloo de la démocratie. Le canular avait changé de camp.
Je n’oublierai jamais cette jeune fille rêveuse, un pull noué autour de la taille, balayée comme un fétu de paille par le poitrail d’un cheval de 800 kilos lancé en plein galop. A elle seule, elle incarne toute la violence symbolique de l’événement.
Plus grave, à mes yeux, ces milliers de gentils démocrates qui ont applaudi à leur fenêtre numérique, sur le mode « bien fait pour eux », « ils n’avaient qu’à pas », « quand c’est interdit, c’est interdit ».
Avant de s’en prendre au corps, le virus s’en prend visiblement parfois au cerveau.
Bien sûr, dans l’appel à cette « fausse boum », il y avait une « transgression ». Mais quand tout est interdit, tout devient transgression. Cette jeunesse, qui est condamnée depuis plus d’un an à l’enfermement et au désespoir, voulait fêter le printemps. Voilà son seul crime. Pour seule réponse, on lui a envoyé la cavalerie, ce qui est idiot ; mais en plus, on l’a rendue responsable de l’état de nos services d’urgence, ce qui est abject.
Car qu’a fait le gouvernement, depuis un an, pour renforcer nos équipes médicales ?
A-t-il construit des hôpitaux ? Ouvert des lits ? Engagé du personnel ? Augmenté les salaires ? Pas du tout. En France, le gouvernement Macron continue même à fermer des hôpitaux !
Un incendie ravage le pays, et les pompiers souffrent sur la ligne du feu.
A-t-on doublé leur nombre ? Amélioré leur équipement ? Valorisé leur fonction et leur salaire ? Pas du tout.
On a ordonné aux gens de rester terrés dans leurs caves, de porter des masques contre la fumée, et surtout, surtout, d’obéir sans se poser de questions à tous les ordres contradictoires qu’on voudra bien leur imposer.
La question sanitaire tourne ici à la question de philo : « Faut-il obéir à tout ? ».
Ou plutôt : « Quand est-il légitime de désobéir ? ».
Cet épisode « cavalerie légère » est d’autant plus incompréhensible qu’il intervient au moment même où la Ligue des Droits Humains, en gagnant son procès contre l’Etat belge, vient de rappeler que toutes les mesures corona ont actuellement une très fragile base légale. Mais ont-elles au moins une base scientifique ?
En ce qui concerne l’interdiction des rassemblements en plein air, rien n’est moins sûr.
Au début de ce mois, la chaîne LCI avait consacré un bref reportage à cette question. D’accord, ce n’est pas « une étude scientifique » (bien que le journaliste en cite trois dans son commentaire). Mais c’est un avis documenté, qui devrait au moins appeler à un débat public autour de la question.
Le journaliste de LCI cite trois événements qui avaient rassemblé en extérieur des milliers, voire des dizaines de milliers de participants : un pique-nique géant au bord du Canal Saint-Martin à Paris (le 11 mai 2020), les rassemblements autour de la Fête de la Musique (le 21 juin 2020), et les manifs « Black Lives Matter » (qui avaient elles aussi regroupé des dizaines de milliers de manifestants). Or aucun de ces trois événements n’a provoqué un rebond de l’épidémie.
Selon l’ARS Bretagne, même la fameuse « rave party » de Rennes, qui avait pourtant rassemblé 2500 personnes dans un grand hangar le soir du Nouvel An, ne semblait pas avoir eu de conséquence épidémiologique trois semaines après l’événement.
Bien sûr, même en plein air, quelques contaminations interpersonnelles restent évidemment possibles. Mais en aucun cas, de tels rassemblements ne peuvent devenir des « clusters ».
Ainsi, vous prenez probablement plus de risques en fréquentant régulièrement des bus bondés, dont on a intelligemment condamné toutes les portes avant, sans gel hydroalcoolique ni gestes barrières possibles. Le gouvernement bruxellois vient pourtant d’en encourager fortement l’usage, en distribuant à la jeunesse des abonnements annuels à douze euros, sans en avoir amélioré, ni la fréquence, ni la sécurité. Comprenne qui pourra.
Une chose est sûre : pour notre santé, un coup de matraque dans la tronche sera toujours plus dangereux qu’une promenade sans masque au Bois de la Cambre. Et en attendant, une seule solution : allons « pogoter » dans les autobus !
Aujourd’hui que la campagne de vaccination commence à remplir son office, en protégeant les plus âgés et les plus fragiles d’entre nous (comme on l’a vu avec la spectaculaire baisse des « décès corona » dans les maisons de repos), il serait pourtant impératif que cette évolution ait un effet concret sur notre quotidien, sur nos libertés, sur l’exercice de nos métiers. Sinon, à quoi bon ?
Et non, on ne règle pas les problèmes sanitaires avec des autopompes et des charges de cavalerie. Et non, on ne combat pas le printemps avec des armes de guerre. Et non, on ne combat pas la maladie et la mort en refusant à tous le droit de vivre.
Claude Semal, le 3 avril 2021.
Marc Arnoldy
Publié à 20:25h, 10 avrilJe ne me souviens pas avoir vu de chemilles autopompes, mais c’est un détail.
Patrick Waleffe
Publié à 11:37h, 05 avrilMerci Claude, pour cette belle analyse. Comme le disait Mitterrand le 8 mai 1968 : “Si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort”. C’était au temps où l’on pouvait encore croire que les socialistes l’étaient. Monsieur Close a semble-t-il décidé que sur sa carte d’affiliation, entre les mots “Parti” et “Socialiste”, le mot “National” ne ferait pas tache.
Irene Kaufer
Publié à 13:03h, 10 avrilsi je partage aussi l’analyse de Claude et la citation de Mitterrand, je trouve le “point Godwin” associé à Philippe Close totalement déplacé. Autant on peut désapprouver sa politique, autant il me semble inadmissible de banaliser ainsi le nazisme en identifiant le bourgmestre de Bruxelles au national-socialisme
Daniel A-M Launois-Bervelt
Publié à 21:15h, 04 avrilMerci de l’article bien dit. Comment est-ce possible d’en arriver à ce stade de violences policières. Pompe à eau et moi ils,me,pompent mon optimisme par toutes ces lois inventées sur quelle base? Rien ne tient la route sauf les chevaux qui retrouvent seuls leur chemin! J’en profite aussi pour demander le libre choix d’un vaccin et pas d’aller à l’aventure se faire piquer avec celui dont ils disposent…
Simon Henri Goldberg
Publié à 12:05h, 04 avrilBien pense, bien exprime, merci Claude!
Mylene JOURNE
Publié à 13:25h, 03 avrilEnfin une analyse posée et refléchie de la situation,
loin de la déferlante de réactions clivantes à l’emporte-pièce
Meci
Dominique DL
Publié à 12:56h, 03 avrilExtrait de l’ouvrage “tract” de Barbara Stiegler ” de la démocratie en pandémie”
” « En dehors de tout contrôle démocratique, le pouvoir politique devenait – pour une durée indéfinie – l’instaurateur de grand partage entre « l’essentiel » et « l’inessentiel ».
Ainsi s’opérait, dés les premières heures, une spectaculaire inversion des responsabilités. Alors que les citoyens étaient les victimes d’une politique qui avait désarmé le système sanitaire, le gouvernement inversait la charge en l’imputant aux citoyens eux-mêmes, c’est-à-dire aux victimes non consentantes de ces décisions, déclinant un agenda qui n’avait jamais été affiché comme tel dans les programmes électoraux. Cette inversion des rôles, le préfet Lallement allait finir par la résumer de la manière la plus brutale, en inventant une « corrélation très claire » entre la courbe des hospitalisations et l’indiscipline des Français. La preuve, poursuivait-il dans son raisonnement épidémiologique fantaisiste, tous ceux qui affluaient aujourd’hui aux urgences étaient ceux qui se promenaient quelques jours plus tôt dans les parcs et jardins. »
Or si rien n’a obéi ici à un plan préalable et moins encore à un complot, tout n’a pas relevé de l’improvisation. La décision du confinement, si elle fut largement liée à une « panique des élites », a aussi révélé la conception profonde que le pouvoir faisait du dêmos, et dont les premiers germes se trouvaient déjà chez les théoriciens de la démocratie libérale des siècles précédents. Ce qu’il s’agissait d’éviter, c’était que « la démocratie [soit] abandonnée à ses instincts sauvages » et qu’« elle [grandisse] comme ces enfants, privés de soins paternels, qui s’élèvent d’eux-mêmes dans les rues de nos villes, et qui ne connaissent de la société que ses vices et ses misères ».
Le motif d’inquiétude n’était pas uniquement moral, il était aussi épistémique. Ignorante et aveugle, la démocratie devait avouer son inexpérience et s’en remettre aux sachants, c’est-à-dire ici aux dirigeants : « Instruire la démocratie, […] substituer peu à peu la science des affaires à son inexpérience, la connaissance de ses vrais intérêt à ses aveugles instincts ; […] tel est le premier des devoirs imposé de nos jours à ceux qui dirigent la société. »
Roger Henuset
Publié à 12:31h, 03 avrilÇa me rappelle ce que certains « complotistes » annonçaient il y a un an: émeutes, répressions musclées et ensuite lois liberticides…
Catherine Kestelyn
Publié à 11:31h, 03 avrilBien dit, cher camarade! Bon weekend, tu as droit à la satisfaction du devoir est accompli (où qu’y sont les emojis?? Hihihi!!)