
17 février 2025
LE MASSACRE DES ITALIENS par Gilbert Laffaille (sur Facebook)
Quand on parle d’immigration en France il est fréquent d’entendre dire que les premières vagues, formées de Belges, de Polonais, d’Italiens, d’Espagnols, s’étaient bien passées car ces immigrés-là étaient de « même culture », c’est-à-dire en d’autres mots, blancs et chrétiens. Et que donc ils auraient été assimilés sans heurts, contrairement aux immigrés d’aujourd’hui venus de pays lointains, pratiquant d’autres religions et ayant d’autres couleurs de peau.
Les faits contredisent ce récit orienté. À la fin du 19e siècle il y eut en France des mouvements xénophobes, racistes et antisémites : émeutes anti-italiennes de Marseille en 1881, chasse à l’Italien d’Aigues-Mortes en 1893, émeutes anti-gitans de Toulouse en 1895, livres antisémites comme La France Juive d’Édouard Drumont (1886), grand best-seller de son temps avec plus de 200 rééditions. Pour alimenter les préjugés, exacerber les tensions entre communautés et distiller le poison du racisme, l’extrême-droite était déjà à la manœuvre.
Le Massacre des Italiens eut lieu les 16 et 17 août 1893 dans le marais salant d’Aigues-Mortes. Il fit une centaine de victimes chez les ouvriers italiens, morts et blessés par lynchage, coups de bâtons, noyade et coups de fusil. En dépit des preuves accablantes, les meurtriers, tous français, furent acquittés. Ce déni de justice faillit d’ailleurs provoquer une guerre avec l’Italie. Rarement évoquée en France, cette page peu glorieuse est restée vivante dans la mémoire de nos voisins. Mussolini avait d’ailleurs dit son intention de raser Aigues-Mortes en représailles.
Gilbert Laffaille (sur Facebook)
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