05 janvier 2025
LE VERT QUI NOUS MÈNE VERS… par Luc Honorez (sur Facebook)
Les âmes en allées où s’en vont-elles ? J’ai décidé qu’elles habitent les étoiles. Toutes les nuits, je consacre une heure à regarder la nuit du ciel. Luna, Nono et Némo, mes chiens sont sur l’étoile du Berger ; mes chers humains sont sur une autre presque aussi brillante. Je leur parle. Je les caresse de mots dont certains, je le regrette, que je ne leur ai pas dits de leur vivant. J’ai beau leur conseiller de prendre un parachute et d’atterrir près de moi, ils ne le font jamais. Cela signifie qu’ils sont bien sur leur étoile fleurie jardinée, sans doute, par le Petit Prince.
Le soir au moment où 2024 passait le relais à 2025, de ma terrasse, interrompant ma séance de speed dating avec mes partis qui, pourtant, reviennent sans cesse en moi, je me rendis compte qu’il n’y avait plus un bruit dans Saint-Cyr sur Mer. Les allées étaient vides. Pas un chant, pas un brouhaha de réveillonneurs ne sortaient des fenêtres. Les ivrognes fêtards auraient pu, s’ils avaient été là, marcher au milieu des rues car pas une voiture ne circulait. Les hauts palmiers veillaient telles des sentinelles sur ce calme incroyable.
Ce calme total coula délicieusement en moi. J’étais bien, heureux. Sans trop savoir pourquoi. Au-dessus de ma frêle silhouette, les étoiles de mes perdus bavards se mirent à clignoter : ils étaient heureux de mon bien-être. C’était leur cadeau de fin d’année.
Ce souvenir est peu de chose. Et pourtant il est TOUT.
Avec des riens on peut se faire une chaude couverture de joie de vivre. Ainsi, ce matin, buvant un café sur ma terrasse, je vis une nuance de vert sur la végétation du massif de la Madrague qui me fait face. C’est un “vert, j’espère”, ai-je pensé.
Un vert qui est aussi un vers…
Vers la mer qui chante avec une rumeur de lumière. Vers mon désir d’aller plus loin, vers un saule sublime arqué par un vent tiède, vers la boutique du marchand de glaces et de crêpes, vers un livre de Camus, vers un tableau de Spilliaert ou un dessin de Franquin, vers les bisous de ma compagne, de Sarah, d’Isabelle, de Cécile qui, je l’espère, lorsque je serai un fantôme espiègle parleront, eux aussi, à mon étoile.
Les graines des bonheurs de presque rien fleurissent en jours qui sont nouvelles naissances.
Chaque journée est immortelle, demain est dans les mains d’un magicien de kermesse, alors oublions-le et marchons dans l’aujourd’hui. La vie n’est à personne, nous sommes tous la vie même ceux qui, partis, vivent dans notre âme.
Luc Honorez (sur Facebook)
Pas de commentaires