MA SEMAINE SUR TWITTER par VOSKE (expert en tout)

J’ai passé la semaine sur Twitter, en spectateur curieux picorant les news, et je me suis follement instruit. En bon dinosaure, j’en étais resté aux 140 caractères obligatoires des origines (2006), ces gros « SMS » gonflés à l’hélium, où il fallait susciter le rire ou l’intérêt en balançant des « punchlines » format bonzaï calibrées au coupe-ongles. Et j’avais  même loupé le passage aux 280 signes de 2017, qui doublait carrément la dose.

Mais 140 ou 280 caractères, peu importe aujourd’hui. Depuis l’explosion des Iphones, ce sont surtout les images qui ont massivement envahi les « rézozozios ». Certains littérateurs nostalgiques s’accrochent encore bien parfois des deux pouces à leurs textos stylés, mais les textes ne sont souvent plus là que pour introduire ou commenter de courtes vidéos. Des extraits d’émissions télé, bien sûr – et qui retrouvent là une sorte de seconde jeunesse. Mais aussi la multitude de ces micros évènements filmés en direct, qui se multiplient par simple scissiparité, et finissent par être regardés 100 ou 200.000 fois. La construction in vitro d’un imaginaire collectif en perpétuelle mutation.

Au départ, si vous y mettez les doigts, c’est un peu la soupe à la grimace, le grand n’importe quoi, le tout venant du bavardage médiatique : une sorte de TikTok épileptique pour obsédés de l‘actualité. Mais très vite, en vous abonnant aux uns, et en bloquant les autres, vous vous constituez un réseau de sources utiles et de commentateurs diserts, clic-clic, qui alimenteront quotidiennement votre moulin à réflexions et à images. « C’est ce qui se passe », annonce le réseau social. Et de fait. Pour un chroniqueur, c’est en tout cas une source inépuisable d’informations.
Et c’est là aussi qu’on se rend aussi compte, par comparaison, combien Facebook a perdu de sa vitalité et de son intérêt depuis que quelques algorithmes puritains et crétins policent et censurent son contenu et ses échanges. Sous prétexte de ne fâcher personne, il finit vraiment par emmerder tout le monde.

Sur Twitter, une des perles de la semaine est une croustillante vidéo d’archives où la Marine Le Pen de 2004 s’adresse cash à la présidentiable de 2024. La première, les cheveux en bataille et la mâchoire vindicative, fustige les politiciens corrompus, et exige pour eux des peines exemplaires, immédiates et incompressibles. La seconde, au look plus BCBG, les yeux brouillés par l’émotion, sort d’un tribunal où, avec vingt-deux autres cadres du Rassemblement National, elle doit répondre du détournement de plusieurs millions d’euros du Parlement Européen. Elle vient d’entendre le Procurer de la République réclamer à son encontre cinq ans de prison et cinq ans d’inéligibilité. Ce qui pourrait évidemment bouleverser toutes les cartes de la prochaine élection présidentielle en France.

La seconde séquence reine de la semaine, de sont les suites du match de foot entre l’Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel-Aviv, qui avait été précédé et suivi d’affrontements parfois violents entre supporters des deux camps. Il fut présenté par certains médias, et commenté par certains politiques, comme « un pogrom », « l’acte antisémite le plus grave depuis la seconde guerre mondiale », « des juifs attaqués en rue dans la ville d’Anne Franck », et autres hyperboles dramatiques visant à parler surtout d’autre chose que du génocide en cours à Gaza.
En guise de « preuves », les chaînes “d’information” passaient en boucle des images où l’on voyait au loin plusieurs dizaines d’hommes habillés en noir en poursuivre d’autres et les tabasser à terre. Or ces chaînes de télévision viennent de reconnaître, cinq jours après les faits, que ce que l’on voyait en fait à l’image, c’était des hooligans d’extrême-droite israéliens poursuivant des habitants d’Amsterdam – et non l’inverse.
Hanouna en personne l’a admis à l’antenne. « Il y va de notre crédibilité », a-t-il précisé. Ne te fatigue pas, gros. Cela fait longtemps que plus personne de sérieux ne croit les médias Bolloré.

J’en profite pour vous parler de l’excellente émission de critique des médias de Mourad Guichard, « L’œil de Moumou », diffusée « en direct » sur « Le Média », mais que l’on peut aussi regarder en différé sur Youtube.
« Moumou » revient chaque semaine, avec talent, intelligence, mesure et humour, sur ces hallucinantes séquences médiatiques, qui ressemblent de plus en plus à de la propagande, et de moins en moins à de l’information. Une émission qui vous redonnera le goût du véritable journalisme – et que vous pouvez découvrir ci-dessous.

par VOSKE, expert en carabistouilles, bidouillages et autres mea culpa

Avec la participation de H-tone :

Avec la participation de Guillaume Meurice :

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