UN SLOGAN CYNIQUE par Bernadette Schaeck

Le MR et les « Engagés » vont supprimer les allocations de chômage après deux ans. Souvenez-vous du cœur qui saigne d’Elio Di Rupo, suite à la catastrophe sociale et aux retombées financières sur les CPAS causées par une mesure qui avait touché 29.000 personnes. Ici, on parle de 138.000 personnes qui seront renvoyées vers les CPAS.
Et ne vous leurrez pas. Ils prétendent que les gens seront pris en charge, qu’ils seront accompagnés vers des horizons plus prospères que des allocations.
Quand bien même ils seraient sincères, ils savent que ça prend du temps, beaucoup de temps. Et on sait qu’ils ne le prendront pas, parce que la prochaine échéance électorale est beaucoup trop proche et que c’est ça l’objectif.
Souvenez-vous : l’exclusion de 29.000 personnes n’avait rien produit d’autre que du sang dans le cœur de Di Rupo. Il n’en avait résulté aucun progrès social, personne n’avait vu son pouvoir d’achat augmenter, ni même sa sécurité d’emploi se renforcer. Exclure les gens, des allocations, d’un pays ou de la rue dans laquelle ils mendient n’a jamais amélioré la vie de personne.
Ils le savent, nous le savons, toutes les expériences du genre, de plus en plus nombreuses depuis que le discours politique nous entraîne dans la bêtise crasse nous l’ont montré. Il y a de plus en plus d’exclusions en tous genres… et de gens sous le seuil de pauvreté, de travailleurs et de travailleuses pauvres, de sans-chez-soi, de vitrines vides et d’huissiers à nos portes…
Ce que le MR et les Engagés nous annoncent là, c’est une nouvelle catastrophe sociale. Un gros bordel et un déplacement des charges. Ce qui ne changera pas, c’est que c’est nous qui assumerons ces charges. Et voilà ce que le MR, qui prend vraiment les gens pour des gros demeurés, publie aujourd’hui cette publicité électorale.

X X X X X X X

Prolifération du travail gratuit. L’avenir pour les communes dont la situation financière n’est pas au beau fixe ? Très interpelant de voir que des communes font appel au Volontariat pour remplir des missions de service public. La Plateforme francophone du Volontariat (PFV) a instauré le label “Commune Volontaire“.
La première a avoir obtenu ce précieux (?) label est celle de Genappe.
Sur le site de la Plateforme, la Commune poste pas moins de 20 annonces (dans la rubrique Petites annonces) pour trouver du personnel volontaire (travail non déclaré, seulement défrayé) dans les domaines suivants : gestion des salles communales, sécurisation de piétonnier, écoles de devoirs, alphabétisation, tutorat scolaire, soutien aux familles et à la parentalité, travaux de réparation à domicile, secrétariat dans une AMO subsidiée par la Fédération Wallonie Bruxelles, ferme pédagogique, etc… etc…
De très nombreux besoins sociaux ne sont pas rentables, et ne sont donc pas rencontrés par des entreprises privées qui ne recherchent que le profit. Ils le sont beaucoup trop peu par des services publics.
Alors, au nom de l’ “engagement citoyen”, de la “cohésion sociale”, on va réaliser toutes ces tâches essentielles par du personnel non salarié, non formé ?
Je vous invite à aller faire un tour sur les “petites annonces” de la Plateforme, vous verrez à quel point il y a bel et bien demandes d’effectuer en volontariat des tâches essentielles qui devraient être assurées par des services publics. Ca s’ajoute aux prestations en ALE, Service citoyen, et bientôt, grâce au MR et Engagés, le service Communautaire ? Et ça s’ajoute aux contrats précaires, dont les article 60-61.

X X X X X X X

Un « marché du volontariat en action sociale » ! (Petit complément à mon post de ce matin à propos de la prolifération du travail gratuit).
Le 5 décembre 2023, ce marché d’un type un peu spécial s’est tenu (1).
“Marché” : je n’aime pas cette notion, qui signifie que tout se vend et s’achète comme une marchandise
“Du bénévolat” : je n’aime pas que le bénévolat soit assimilé à une notion de marché. Le (vrai) bénévolat est libre et volontaire
“En action sociale” : je n’aime pas cette notion, qui a remplacé par l’État social actif celle d’aide sociale ou d’assistance.
Dans le but de culpabiliser les “assistés” et de légitimer les atteintes à leurs droits.
Je suis sans (aucun) doute vieux jeu, mais j’aime le terme de “militantisme”. Je le préfère nettement à celui de bénévolat ou de volontariat. Mais on s’en fout, en fait, ça n’a aucune importance. Ce qui est important, c’est de décider de s’engager dans des luttes qui nous parlent, avec des revendications qui nous branchent, dans des formes d’action qui nous semblent pertinentes. Et ça, ça ne sera jamais un marché !

par Bernadette Schaeck , de l »’association de défense des allocataires sociaux

(1) https://www.levolontariat.be/events/5-decembre-le-marche-du-benevolat-en-action-sociale?

Pas de commentaires

Poster un commentaire