L’ALLOCATION QUI DÉFRISE LES CONS par Laurence Dudek

Vous aviez sans doute toutes été plus ou moins touchées par le buzz médiatique provoqué par les déclarations d’un ministre de notre République malade affirmant sans perdre une dent que l’allocation de rentrée scolaire – qui est un acquis social issu des cotisations du même nom, c’est-à-dire de la solidarité de nous-mêmes vers nous-mêmes, que nous nous payons (tout comme nous payons nous-mêmes centime par centime les salaires mirobolants des ministres qui nous calomnient) –, serait « comme par hasard » corrélée avec une hausse de la vente des « écrans plats » dans les magasins d’électro-ménager.

Le travail de « fact-checking » sur les réseaux avait été fait et bien fait : nous avons toutes et tous reçu l’information corrective que, bien au contraire, les mois d’août et de septembre sont les mois de l’année les moins prospères pour les ventes d’électroménager et que rien ne corrobore la propagande anti-pauvres du ministère dont dépend l’instruction de nos enfants scolarisés. C’est raté.
Et pourtant, chaque année, c’est la même tambouille : la férocité des bourgeois se déchaîne contre les exploités du système, proposant du contrôle renforcé, toujours plus de restrictions et toujours moins de liberté…
Aucun démenti cependant ne console de la vacuité des éditorialistes des chaînes de propagande capitaliste qu’elles soient publiques ou privées.

Comme chaque année, au-delà de la dénonciation des procédés manipulatoires qui sont notre lot quotidien dans l’alliance délétère pouvoir/médias qui tient lieu d’information en France (force est de constater que ça n’est pas partout pareil, le plus grave dans cette affaire ne sont pas les mensonges éhontés et répétés des politiques, des éditocrates et des trolls macronites (un pognon de dingue, j’te dis Daniel…).
Le plus grave n’est pas que parmi les commentaires foisonnants sur les réseaux sociaux, une large majorité du peuple approuve la stigmatisation de celles et ceux d’entre eux-mêmes qui sont soupçonnés par le Prince de préférer acheter une télévision ou un blouson de marque plutôt que des fournitures scolaires, et se gargarise de leur indignation servile…
Le plus grave, me semble-t-il, c’est que quasiment personne n’ait pris la parole pour dire que les 550 euros maximum de l’allocation de rentrée ne servent effectivement pas toujours à acheter des fournitures scolaires, dans les familles où l’on use les crayons et réutilise cartables et cahiers des années précédentes, où l’on reprise les chaussettes et où l’on se transmet les vêtements entre frères et sœurs, cousins cousines, voisins voisines… mais bien à payer les factures d’eau, d’électricité et de gaz, les ardoises à l’épicerie et parfois un petit « extra » pour les enfants ou pour soi-même…
Que les logements insalubres pullulent, dangereux pour la santé des enfants (parfois mortels même), que le chauffage est cher et qu’il faut souvent choisir entre se laver à l’eau chaude et manger des légumes…

Mais d’où sortent ces têtes de gondole tellement ancrés dans leur suffisance qu’ils n’ont aucune idée de quoi ni de qui ils parlent. Qui sont ces gens qui « nous » représentent sans nous connaître ?
Personne ne leur a dit que l’allocation de rentrée est pour nombre de familles une bouée de sauvetage dans le naufrage économique qui les noie 12 mois sur 12 ?
Personne ne leur a dit que pour l’immense majorité des plus pauvres (9 millions de personnes en France), la fin du mois commence le 12… ?
Le plus grave, c’est que cette boue qui entache nos imaginaires de leur laideur sert à masquer la misère à laquelle ils nous destinent et à nous préparer à l’acceptation de plus de restrictions encore, plus de contrôle, plus de servilité, plus d’humiliations…

Le tout orchestré par une oligarchie jalouse de ses privilèges, des gens qui se délectent de la souffrance qu’ils infligent par appât du gain et par la jouissance sadique du pouvoir, qui traquent partout et sans relâche la moindre parcelle de joie populaire, le moindre de nos acquis sociaux, en faisant croire à ceux qui votent pour eux que le problème, c’est ceux qui n’ont rien, et pas eux-mêmes qui se gavent de tout.

Laurence Dudek (sur facebook)

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