18 juillet 2024
MA VIE DE PROF EN GALÈRE par Anne Löwenthal
Tout qui a tenté une carrière dans l’𝐞𝐧𝐬𝐞𝐢𝐠𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 sait que c’est une vraie galère.
𝐏𝐚𝐬 𝐝𝐞 𝐬𝐚𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐞 𝟐 𝐨𝐮 𝟑𝐞 𝐭𝐞𝐫𝐦𝐞 échu, souvent des 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐚𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐦𝐩𝐥𝐚𝐜𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, et très 𝐫𝐚𝐫𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐭𝐞𝐦𝐩𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐥𝐞𝐭𝐬, à moins de remplir son horaire avec quelques heures par-ci, par-là (de cours pour lesquels on n’est pas forcément qualifié·e).
Il n’est pas rare non plus de devoir donner cours dans plusieurs écoles pour avoir un horaire complet.
Je connais même des gens qui le font et n’ont matériellement pas le temps de rejoindre l’autre école avant la fin de la récré et qui débutent systématiquement le cours qu’ils y donnent en retard (et bien stressés).
J’en connais d’autres qui ont renoncé, épuisés de passer de classe en classe à longueur de journée pour donner des cours pour lesquels ils n’étaient pas toujours préparés.
Bien entendu, la qualité de l’enseignement donné aux jeunes pâtit de la situation, mais on n’est plus en campagne, ça n’est plus un souci… Personnellement, j’ai renoncé parce que je n’avais tout simplement pas les moyens d’attendre plusieurs mois mon premier salaire, de retourner au chômage entre chaque intérim et d’attendre plusieurs semaines mes premières allocs et de recommencer, encore et encore, ce truc infernal, chaque fois dans des écoles différentes, avec des élèves diférent·es et – même – pour donner des cours différents (pour lesquels je n’avais pas forcément le titre requis et que je devais préparer).
Surtout sachant que certain·es tiennent parfois 10 ans avant d’avoir une toute petite sécurité d’emploi.
Et je ne vous parle même pas des distances à parcourir, en voiture quand il n’y a pas de transports en commun, sans aucun remboursement de frais (j’ai déjà touché pour enseigner, déduction faite des km, moins que mes allocations de chômage. C’est dire ma motivation !).
J’ai beau retourner le truc dans tous les sens depuis plusieurs jours, 𝐣𝐞 𝐧𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐫𝐞𝐧𝐝𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐨𝐢 𝐬𝐮𝐩𝐩𝐫𝐢𝐦𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐧𝐨𝐦𝐢𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐬 𝐫é𝐬𝐨𝐮𝐝𝐫𝐚 ç𝐚. (Au contraire, c’est même la perspective d’une nomination qui aide certain·es à tenir dans ces conditions-là les premières années).
Je ne vois qu’une seule piste : on va donner des CDI à des intérimaires, à des remplaçants, à des temps partiels. Des CDI à temps complet, bien sûr, même pour des horaires incomplets. Mais du coup, je ne vois pas où est l’économie…
En fait, je ne vois qu’une seule raison à cette mesure : on va payer moins de pension aux profs.
Et 𝐪𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐚𝐯𝐚𝐥é 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐩𝐢𝐥𝐮𝐥𝐞-𝐥à, 𝐢𝐥 𝐧’𝐲 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐚𝐮𝐜𝐮𝐧𝐞 𝐫𝐚𝐢𝐬𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐧𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐥𝐚 𝐦ê𝐦𝐞 é𝐜𝐨𝐧𝐨𝐦𝐢𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐭𝐨𝐮𝐬.𝐭𝐞𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐟𝐨𝐧𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬.
En voilà un beau, de nivellement par le bas !
Par Anne Löwenthal,
sur sa page Facebook et dans l’Asympto (avec son aimable autorisation).
NOTA BENE : En Belgique, quand on est au chômage, on n’a pas le droit de faire du bénévolat sans autorisation. Parce qu’on est censé·e chercher du boulot et que se mettre au service de la société pourrait entraver cette quête.
Par contre, grâce au gouvernement wallon, on va bientôt devoir travailler pour pas un centime de plus, sans contrat de travail, dans le cadre de, je cite (et n’en reviens toujours pas) ”travaux d’intérêt général’‘.
Mais attention, c’est pour votre bien, petits chômeurs, petites chômeuses ! Grâce à ça, vous allez apprendre à vous lever le matin, à vous relever les manches et à socialiser ! Toutes ces choses dont vous êtes infichus et que le bénévolat ne permet pas !
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