05 avril 2024
DU LAIT SUR LE FEU ET DES NOUILLES DANS LE PAYSAGE par Voske (expert en tout)
C’est fou le nombre de politicien·nes qui, à deux mois d’une échéance électorale, découvrent soudain qu’ils ont un hectolitre de lait sur le feu ou un grand malade à opérer en extrême urgence – alors qu’ils l’avaient jusque-là laissé pourrir sous un tapis en platine, dessécher sur pied au fond d’un placard en titane, ou même, « à la mafiosi », scellé sous une dalle en béton au fond de leur parking de fonction. « Mieux vaut tard que jamais », commente aimablement le dicton. Tu parles, Charles. La sagesse populaire, plus prévoyante, lui répond : « Ce qui est fait n’est plus à faire ».
J’ai beau être un expert en tout, je n’ai rien compris au subit parachutage du « Décret Paysage » dans la campagne électorale. « Décret Paysage » qui, comme son nom ne l’indique pas, ne concerne pas l’aménagement des parcs publics à Bruxelles et des sentiers de grande randonnée en Wallonie, mais le financement des étudiant·es dans les Hautes Écoles et Universités en Belgique francophone. Depuis le vote de ce décret en 2014, les étudiant·es doivent en effet, pour pouvoir poursuivre leur scolarité, amasser un certain de « crédits » (capsules de connaissance et de points) en un laps de temps donné. Sinon… Buiten !
Or ces critères « de réussite » avaient récemment été durcis par l’accord gouvernemental MR-PS-ECOLO, pour une génération qui subit encore pourtant très souvent l’ombre portée de ses deux épouvantables années de scolarité sous COVID.
Cette « réussite obligatoire en un temps donné » pénalise en outre prioritairement les étudiant·es des milieux populaires – celleux qui doivent parallèlement bosser pour pouvoir payer leurs études. La Fédération des Étudiant·es Francophones, qui pour le coup en a peut-être fait un poil de trop, annonce ainsi qu’un tiers (!) des étudiant·es seraient menacé·es par ce mécanisme d’exclusion dès la prochaine rentrée (70.000 jeunes). Le chiffres de 20.000 exclusions, qui circule aussi, me semble faire un peu plus consensus, et il est déjà assez catastrophique comme ça.
Voilà donc le PS et ECOLO, qui craignent (à juste titre) que le PTB ne leur taille de nouvelles croupières électorales en juin, qui amorcent un spectaculaire numéro de rétropédalage à 180°, et demandent aujourd’hui (l’aménagement ? La suspension ?) du décret « Paysage ». Et voilà que Georges-Louis Bouchez nous rejoue son habituelle partition de macho tatoué carburant à la RedBull, et décrète haut et fort que la remise en cause du « Décret Paysage » serait un « casus belli » qui ferait chuter le gouvernement.
Voilà où nous en sommes. Le gouvernement risque donc de tomber sur un « Décret Paysage » qui ne parle pas « du paysage », et auquel 90% des électeurs ne comprennent strictement rien. Et si le gouvernement tombe, qu’est-ce que cela changera ? Rien non plus dans l’immédiat. Car le gouvernement se mettra alors en « affaires courantes » jusqu’aux élections de juin, et il faudra ensuite former un nouveau gouvernement. Avec les mêmes. Plus les Engagé·es – dont les dents rayent déjà le parquet des bureaux de vote. As usual in Belgium.
Rien à voir avec ce qui précède (quoique…) j’ai vu passer sur les réseaux sociaux l’étrange clip du Parti Socialiste qui reproche au PTB de « ne pas vouloir vraiment taxer les millionnaires ». Cette vidéo me plonge dans un abime de perplexité.
Quel que soit le bout par lequel je la prenne, je n’en saisis en effet pas l’objet. Le PS, qui vient d’envoyer la momie Di Rupo comme tête de liste aux élections européennes, espère-t-il vraiment nous convaincre qu’il serait « plus à gauche » que le PTB ? Sans rire ? Ou veut-il simplement nous informer que lui taxerait « vraiment » les millionnaires ? Mais alors, depuis cinquante ans qu’il est au gouvernement, que ne l’a-t-il déjà fait ? Et pourquoi alors avoir voté onze fois contre les propositions de lois du PTB, qui allaient toutes en ce sens ? Ce doit être un effet collatéral du « Décret Paysage » : trop de “politique spectacle” tue la politique. Et le spectacle.
Rien à voir avec ce qui précède (quoique..) : le MR, qui depuis Gloubs fait toujours campagne à hauteur de tweet et au raz de la côtelette, sanglotait hier sur les malheureux SDF privés de saucisson pur porc au Samusocial où, prétendait-il, tous les repas devaient obligatoirement être “halal”. Son directeur vient de lui répondre dans une tribune du “Soir”qu’il s’agit en fait d’une “fake news”. Avec Georges-Louis, on peut toujours s’attendre au pire ou au rire, et on ne sait jamais si “MR” est l’acronyme de “Mort de Rire” ou de “politique de MRde”.
par VOSKE, expert en dalles de béton, en Red Bull et en pubs débiles.
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