“JE ME SENS PRISONNIÈRE” : AIDE OU CONTRÔLE ? par Bernadette Schaeck

Elle m’écrit : ” Je me sens prisonnière. Je reste chez moi sans bouger. J’ai peur de la rater“.
Après une première visite à domicile à l’improviste, voilà plus d’un mois, son Assistante Sociale (AS) lui a dit qu’elle passerait dans la semaine. Elle ne l’a pas fait.
Après une deuxième visite à l’improviste, idem, son AS lui a dit qu’elle passerait dans la semaine. Elle ne l’a pas fait.
Je n’en dirai pas plus pour qu’elle ne soit pas reconnaissable. Parce qu’elle a peur.
Finalement, elle hésite à nous demander d’intervenir auprès du CPAS de crainte que son AS soit plus “sévère” encore avec elle.
Tenter de lui faire vaincre la peur, et de la convaincre que défendre ses droits est plus que légitime, sera une de mes occupations du jour…
Et, comme on dit, la peur doit changer de camp…

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Un autre exemple ? Sans doute un peu extrême, mais à peine. En tout cas pas une exception. Sans compter toutes celles et ceux qui ne font pas appel à nous !
Il a introduit une demande le 25/08/2023. Il n’a pas reçu d’accusé de réception (ABC pourtant de la procédure légale à respecter). Il a reçu par SMS la date du premier rendez-vous : le 23/10, soit deux mois après l’introduction de la demande.
Il a été reçu le 23/10 et c’est seulement à ce moment-là qu’il a reçu un accusé de réception de la demande (datée quand même de la date initiale de présentation au CPAS).
15/01/24 : toujours pas de passage du dossier au Comité spécial, en dépit de plusieurs promesses de passage en décembre 2023. Suite au courrier de l’aDAS, le dossier passera au Comité du 22/01.
Je crains que ce sera une décision de refus en raison des revenus du parent cohabitant, sans enquête sociale un tant soit peu sérieuse sur la situation du jeune étudiant. On verra…
Qui qu’il en soit, cinq mois de délai pour obtenir une décision, c’est inadmissible.
Du trop fréquemment vécu dans ce CPAS bruxellois.
Nous continuerons à dénoncer et interpeler, mais nous n’avons pas le pouvoir de mettre nous-mêmes en place les solutions.

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Aide ou contrôle ? Ca fait souvent toute la différence !
Il a été sommé d’effectuer des démarches auprès du service chômage.
Quelques rappels lui ont été transmis par mail. Il a cru avoir donné les bonnes réponses par des attestations du service chômage indiquant qu’il ne percevait pas d’allocations.
Mais la BCSS (Banque carrefour de la sécurité sociale) indiquait qu’il avait un droit potentiel à des allocations
Un petit casse-tête plus tard sans doute résolu, il a un droit potentiel à une AGR (Allocation de garantie de revenus, complément chômage à un salaire à temps partiel).
Le CPAS avait bloqué le paiement sans décision. La décision n’a été prise que 4 mois plus tard (pratique illégale), et c’est alors qu’il nous a contactés. En fait, il n’avait rien compris aux démarches à effectuer. Et on le comprend.
Et l’AS non plus, sans doute ? Il est vrai que c’est une situation un peu complexe au niveau administratif, mais elles le sont souvent. Le problème, c’est que c’est d’office l’usager qui est trop souvent considéré comme responsable.
Et que la réponse de l’institution est trop souvent de le sanctionner. Pas de l’aider.
L’aider serait-il considéré comme de l’ “assistanat” ?
Serait-ce considéré comme du travail “administratif” en opposition à du “vrai travail social” ?
Aider à récupérer des droits plutôt que sanctionner les difficultés individuelles à le faire me semble pourtant une “mission” importante… Y a-t-il un manque de formation des AS ? Un manque d’aide de la part de l’institution ?
Sans (aucun) doute ! Mais ce n’est pas une fatalité. Des mesures peuvent – doivent- être prises !

Bernadette Schaeck, de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux.

Contact : http://www.adasasbl.be

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