16 juin 2023
LE GLAND ET LA DRINGUELLE par Bernadette Schaeck
L’obsession que des pauvres puissent percevoir une dringuelle !
Une des justifications les plus fréquentes donnée par les CPAS qui exigent (encore) la fourniture de tous les extraits de compte bancaire, est qu’ils doivent vérifier si la personne ne reçoit pas de l’argent de quelqu’un.e (des “dons”).
Confirmation encore voilà quelques jours…
Un don, même non régulier, d’un débiteur alimentaire (essentiellement parent ou enfant) est en effet déduit du revenu d’intégration.
J’ai vu l’exemple d’une maman ayant versé 50 € à son fils en attendant le paiement par le CPAS, cette somme a été déduite du Revenu d’Insertion (RI) du fils…
C’est l’application bête et méchante de la loi.
Un don régulier (sans définition du terme régulier) fait par une personne non débitrice alimentaire est déduit du montant du RI.
Le fait qu’une personne puisse avoir la chance d’être quelque peu aidée par une tierce personne, même très occasionnellement, est une véritable obsession dans le chef de certains CPAS. C’est pourtant souvent une question de survie, tant il est difficile de faire face à tous les frais avec le seul revenu d’intégration.
Une solution : que les dons ne soient plus considérés comme un revenu déductible du RI, mais fassent partie de l’ “épargne” (capitaux mobiliers, selon les termes de la loi).
C’est une de nos revendications.
Ce serait un motif de moins pour les CPAS de fouiner dans la vie privée des gens, via leurs extraits de compte …
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Trouver les bonnes informations sur le CPAS…
Pas de site pour le CPAS. Aucun information sur la coalition communale (et donc du CPAS), c’est-à-dire quels partis sont au pouvoir dans la commune et le CPAS .
Aucune information sur qui est président.e, Directeur/trice générale, responsable du service social, aucune adresse mail pour les joindre. Juste une adresse et un numéro de téléphone.
Un compte Facebook, quand même, du CPAS.
Là, depuis plus d’un an, rien d’autre que l’annonce des jours de fermeture des services (les fériés, les ponts, les congés extra-légaux)…
Il faudra donc que je cherche ailleurs les informations utiles (adresses mail, composition du Comité Spécial du Service Social, coordonnées du/de la Présidente…).
Une institution pas très transparente !
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L’assistance, l’assistanat, les assistés…
Ce que les divers pouvoirs sont bien parvenus à diaboliser !
Place à la responsabilisation, à la responsabilité individuelle, à l’activation.
C’est, somme toute, ce qui est au coeur de la loi DIS de 2002 concernant le droit à l’intégration sociale qui a remplacé celle de 1974 sur le droit à un minimum de moyens d’existence (minimex).
Diaboliser l’ “assistance”, c’est une manière de remettre en cause des droits, en particulier celui à un revenu.
Allez, c’est l’occasion de citer une phrase de ce bon vieux réac de Tocqueville, dans ses Mémoires sur le paupérisme, en 1835, dans laquelle il décrit de manière très fleurie les effets négatifs – à ses yeux – de l’assistance : ” Vouloir établir une loi qui vienne de manière régulière, permanente, uniforme au secours des indigents, sans que le nombre des indigents augmente, sans que leur paresse croisse avec leurs besoins, leur oisiveté avec leurs vices, c’est planter le gland et s’étonner qu’il en paraisse une tige, puis des feuilles, plus tard des fleurs, enfin des fruits qui, se répandant au loin, feront sortir un jour une verte forêt des entrailles de la terre“.
Une verte forêt d’assistés qui sortirait des entrailles de la terre si on les assiste de manière régulière, permanente et uniforme… Joli, non ?
Ca ne se dit plus avec ces mots-là, mais la diabolisation de l’assistanat procède du même raisonnement. Plantons le gland des résistances …
Bernadette Schaeck
de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux
Contact : https://www.adasasbl.be/
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