27 mai 2023

LES AMBIANCEURS DES RÉZOZOCIAUX

Si vous êtes sur Facebook, vous connaissez bien ces images. Ce sont toujours des questions idiotes, lettres blanches sur fond coloré, publiées par des site aux noms improbables : “Savoir Vivre”, “Le Monde du Rire et Joie de Vivre”, “Rendre Mon Couple Heureux”, “Espace Africaine”, “Groupe Rire avec Clara Best”. Et il y a souvent une ou deux fautes d’orthographe dans la formulation.

Il y a une autre variante de la chose, avec des “problèmes” de logique ou des “calculs” à résoudre, mais concentrons-nous uniquement ici sur cette variante “littéraire” (sic).
Florilège de questions (fautes d’orthographes comprises) : “Les filles, quand un gars vous drague, vous regardé quoi sur lui avant d’accepter?” (sic), “C’est quoi le truc que t’as juré d’arrêter mais que tu n’y arrives pas ? “, “Quel est l’objet le plus bizarre que tu gardes près de ton lit ?“, “Les hommes si on vous donne l’opportunité de devenir une femmes pendant 48H, tu feras quoi ?” (sic), “Que pensez-vous des relations où la femme a beaucoup plus de revenues que l’homme ?” (sic), etc, etc…
Même quand les questions sont très idiotes (… surtout quand sont très idiotes!), il nous est déjà tous arrivé d’y répondre, ne fut-ce que pour nous en moquer (pour ma part, j’adore par exemple faire le “petit malin” avec des “questions” de calcul et de logique).
Je ne suis visiblement pas le seul, et il y a toujours des centaines (voire des milliers) de “réponses” en dessous de ces “questions” dans les “commentaires”.
Or il y a UNE question que plus personne ne se pose : d’où sortent ces “machins”, et à quoi “servent-ils” ? “…Plus personne” ? … Si, moi !

Une chose est sûre : les algorithmes de Facebook les adorent, car j’en vois passer deux ou trois par jour. Et comme ces petites bêtes ne font rien innocemment, et que les mêmes algorithmes “freinent” par contre des contenus auxquels vous êtes “abonné·es”, et que vous estimez mille fois plus intéressants, il est je crois indispensable de se demander quel en est l’usage.
J’ai deux hypothèses.
La première, c’est qu’il s’agit d’un vrai/faux “petit métier” que l’on pourrait définir comme “ambianceur sur Facebook”. Car cela crée de l’animation et du trafic sur les réseaux, et cela a donc une certaine valeur marchande (puisque les annonceurs payent des publicités pour qu’on les regarde).
Il y a certainement des tas de pays dans le monde où des gens seraient prêts à faire ça pour quelques euros par jour, et mon petit doigt me dit que ces annonces ont un vague rapport avec le continent africain.
Mais je ne vois pas très qui irait “payer” pour cela, quand beaucoup font ça gratuitement et avec beaucoup de talent en échange d’une petite notoriété sur les réseaux sociaux (j’adore par exemple l’humour des aphorismes d’Agnès Bihl et de Jean-Pierre Froidebise, ou les photos détournées de Pomodoro Assasino).

Ma seconde hypothèse et donc je crois un peu plus crédible.
Facebook comptabilise en effet des dizaines de millions de comptes “dormant”. Je vous invite à faire le tour de vos propres “ami·es” : vous verrez que certains comptes sont inutilisés depuis plusieurs années (et des tas d’autres carrément clôturés).
Or sous chacune de ces questions idiotes, il y a quelques milliers de comptes Facebook “actifs”, avec des gens qui interagissent “vraiment” avec les publications. Et ça, cela a une “vraie” valeur marchande, que ce soit pour Facebook (le maître des algorithmes) ou les annonceurs (le cochon payeur).
Maintenant, si vous avez d’autres hypothèses, je serais heureux de les lire dans vos commentaires, histoire de faire moi aussi “l’ambianceur” sous les articles de l’Asymptomatique.be ;-).

Claude Semal

NB : désolé pour l’illustration, j’ai oublié la faute d’orthographe, mais j’en ai laissée une ou deux dans ce texte pour compenser ;-).