31 octobre 2022
NOUS SOMMES LE 29 OCTOBRE
Nous sommes le 29 octobre 2022.
Si ce jour est celui de votre anniversaire, sachez que votre ange gardien s’appelle Yélahiah. On ne sait jamais, ça peut servir.
Parmi les personnes à qui souhaiter un bon anniversaire ce jour, il y en a qui me sont chères. La première, je le lui souhaiterai personnellement.
Sinon, c’est aussi l’anniversaire de Frans de Waal, primatologue et éthologue néerlandais, né le 29 octobre 1948. Son travail scientifique a été publié dans de revues de renom. Il s’intéresse à la bienveillance et à l’intelligence animales, et bouscule au passage pas mal de certitudes. On lui doit des ouvrages comme « Le singe en nous », « L’âge de l’empathie », « Le bonobo, Dieu et nous », « Primates et Philosophes », « Sommes-nous trop “bêtes” pour comprendre l’intelligence des animaux ? », « La dernière étreinte », et plus récemment, « Différents. Le genre vu par un primatologue » (Les liens qui libèrent, 2022),
La « dernière étreinte », c’était celle de Mama, un chimpanzé femelle, qui juste avant de mourir, a serré dans ses bras un vieux primatologue ami. Dans ce livre, Frans de Waal fait état des recherches récentes sur les émotions animales : les mammifères et la plupart des oiseaux ressentent des émotions : tristesse, joie, colère, deuil, désir de pouvoir ou sens de l’équité… Pour ceux qui en douteraient encore, le catalogue des émotions animales révèle qu’elles sont passablement identiques à celles des hommes.
L’anthropomorphisme de Frans de Waal est revendiqué et assumé. Au passage, il réhabilite les humains en reconnaissant leurs capacités émotionnelles et leur disposition naturelle à l’altruisme, ce qui les remet à leur place dans le buissonnement de l’évolution.
Profitons donc de son anniversaire pour remercier Frans de Waal d’avoir inventé le terme d’”anthropodéni” en réponse à la sempiternelle accusation d’anthropomorphisme systématiquement proférée par ceux qui croient appartenir à une espèce incomparable. En tout cas, si l’humain est un animal quelque peu ‘spécial’, il est peu probable que sa ‘différence’ se situe dans le domaine émotionnel.
Dans son dernier ouvrage «Différents. Le genre vu par un primatologue», le primatologue aborde des questions qui font souvent l’actualité de nos sociétés : les rapports entre les sexes, la hiérarchie sociale, la violence, l’inné ou l’acquis, ce qui est “naturel”, ce qui ne l’est pas …
Selon la répartition dominante des rôles sociaux, le terme “naturel” recouvre les modèles dignes d’approbation, tandis que “non naturel”, voire “contre-nature”, désigne les modèles à condamner.
Dans «Différents», Frans de Waal s’oppose à l’idée du genre comme construction sociale.
Des observations ont montré que, face à des jouets humains, les garçons chimpanzés choisiront plutôt les petites voitures, les filles, les poupées. Ces observations montrent aussi que l’on ne peut parler de «domination masculine». Loin d’être soumises, les femelles chimpanzés et bonobos, choisissent leurs partenaires. S’ils ne sont pas des mâles alphas, elles s’éloignent du groupe pour frayer avec eux.
S’il y a répartition des rôles, ceux-ci ne sont pas nécessairement figés. Ainsi, bien que les femelles chimpanzés ou bonobos s’occupent des bébés, les mâles adoptent parfois les orphelins et oublient au besoin leur agressivité pour coopérer. Bref, si la biologie fonde leurs comportements, nos cousins primates savent aussi en partie s’en émanciper.
L’observation ne se limite pas aux primates. Ainsi, Charles Darwin a noté dans son agenda qu’un chapon (un coq castré) “s’assied sur des œufs aussi bien et souvent mieux qu’une femelle.”
Frans de Waal, quant à lui, montre, que dans les sociétés de primates existent aussi, comme chez les humains, des identités sexuelles sociales, qui alignent le sexe et le genre chez la plupart des individus. Mais pas chez tous.
“Chez les primates non humains – constate le primatologue – de nombreux individus qui ne se conforment pas au modèle dominant sont bien tolérés par leurs congénères”.
La plupart des distinctions naturelles/non naturelles n’ont guère de fondement en biologie. Le comportement transgenre de certains individus procède d’une racine biologique et « réduire la palette de genre à seulement deux couleurs sans rien entre les deux ne fonctionne guère pour le sexe biologique et encore moins pour l’expression et l’identité du genre. C’est une vue dépassée. »
La nature est marquée par une grande variabilité individuelle que peu des sociétés humaines sont prêtes à reconnaître. De même que les plantes d’une même espèce ne sont jamais identiques entre elles, les groupes de primates, y compris ‘homo sapiens’, comprennent des individus différents, quelques fois exceptionnels.
Puisque chaque individu a une constitution génétique unique, on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils montrent tous la même orientation sexuelle et la même expression de genre. La variabilité est d’ailleurs ce avec quoi l’évolution fonctionne.
PAS DE 29 OCTOBRE SANS MUSIQUE !
On ne saurait laisser passer un 29 octobre sans évoquer Paul Misraki qui nous a quittés le 29 octobre 1998, à l’âge de 90 ans.
On lui doit environ 185 musiques de films, écrites pour Buñuel, Chabrol, Melville, Welles, Godard, Clouzot, Becker… Des comédies musicales, des romans, et les musiques de quelque 350 chansons. Et pas n’importe lesquelles ! «Tout Va Très Bien Madame La Marquise» ; « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux » ; « On n’a pas besoin de la lune » ; « Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine » ; « Le petit bateau de pêche »…
Allez, on s’écoute et on se regarde « Le petit bateau de pêche », paroles d’André Hornez, musique de Paul Misraki, chanté par Georges Brassens (mort le 29 octobre 1981), accompagné à la contrebasse par Pierre Nicolas et à la guitare par Alberto Ponce, Maxime Le Forestier, Marcel Dadi et Joël Favreau.
André Clette
C’est par ici →
Il vous reste à lire « Différents. Le genre vu par un primatologue », c’est édité en français par ‘’Les liens qui libèrent’’ (2022). Bonne lecture.
Pas de commentaires