30 janvier 2022
LE JACKPOT DES TESTS PCR
Selon l’Institut Sciensano, 839.548 tests CODIV ont été réalisés la semaine passée en Belgique, pour l’essentiel des “tests PCR”. Avec Omicron, ils affichent en ce moment l’astronomique taux de positivité de 46 % ! Oui, vous avez bien lu : 46 %. A titre de comparaison, ce taux moyen était de 4,5 % à la fin septembre, et de 15% à la mi-novembre. Moi-même, je vous écris en ce moment couché sur mon lit, à côté d’une tisane, avec un petit COVID sous la couette (keuf-keuf !).
Au point que l’on puisse désormais s’interroger sur l’utilité médicale de poursuivre tout ce barnum nasopharyngé.
Car enfin, la seule chose que ce “testing” de masse nous apprend encore, c’est que nous allons tous y passer. Ou plutôt : que nous y passons tous. Si ce n’est aujourd’hui, au plus tard demain. Dès lors, quel est encore l’intérêt épidémiologique de ces tests PCR ?
Pour les malades, je ne sais pas. Mais pour les labos pharmaceutiques, c’est assurément le jackpot permanent !
Dans son édition du jeudi 27 janvier, le quotidien “Libération” a publié une intéressante enquête sur le “business” des tests COVID en France, sous un titre bien “libé” : “Les narines à sous”.
168 millions de prélèvements ont en effet été réalisés dans l’hexagone en 2021, pour un coût total de 6,7 milliards d’euros. La tendance est toujours à la hausse en ce début d’année, avec un million et demi de prélèvements par jour.
Contrairement à la Belgique, qui a privilégié la création de grands centres COVID de vaccination et de “testing”, la France s’est essentiellement appuyée, pour ce faire, sur le réseau des pharmacies. 16000 des 21000 officines françaises offrent aujourd’hui ce service. Pour un test “antigénique”, elles sont payées 25 euros par écouvillon, ce qui peut représenter jusqu’à 20% d’augmentation de leur chiffre d’affaire.
Les pharmacies servent également d’antenne-relais pour la vaccination, mais sur ce volet-là, elles ne sont paradoxalement rétribuées que 6,30 euros par injection. C’est peut-être l’habitude des auto-tests, mais faire une piqure à l’épaule me semble pourtant un acte médicalement plus spécialisé que de s’envoyer un coton-tige dans la narine.
Avec Omicron, comme en Belgique, la demande est en train d’exploser. Pour ce seul mois de janvier, en France, la Sécurité Sociale a dépensé en tests ce qu’elle avait budgétisé pour l’ensemble de l’année 2022 !
Ce juteux marché attire inévitablement aussi les mouches. Dans les grandes villes, des “intermédiaires” proposent aujourd’hui leurs services aux pharmaciens. Ils installent une tente militaire devant l’officine, rebaptisée bien à propos “barnum”, engagent des étudiants pour touiller dans les narines des passants, et facturent ce “service” entre 10 et 12 euros au pharmacien. L’uber-isation de la santé est visiblement déjà bien engagée.
Pour le “testing”, ce réseau des pharmacies existe également en Belgique, mais de façon plus discrète. Il ne concerne que la moitié des 4700 officines, et ne couvre que le dixième du marché (Le Vif, 21/10/2021).
Les pharmacies belges n’effectuent en outre que des tests “antigéniques”. L’INAMI les paye pour ce service 26,72 euros l’acte.
A titre de comparaison, l’INAMI rembourse les tests PCR à 40, 75 euros, les tests antigéniques “hors pharmacie” à 16,97 euros, et enfin, les tests sérologiques, qui permettent de détecter les anticorps, à 9, 60 euros.
En cas de positivité, le pharmacien déclarera “officiellement” votre résultat au Centre Covid, ce qui pourra donc déboucher sur une suspension de votre QR code pour une durée de dix ou douze jours. Mais paradoxalement, pour une raison totalement obscure, ces tests “antigéniques” n’ouvrent pas le droit à un “certificat de rétablissement”. Pour cela, seuls les tests PCR sont pris en compte (voir tableau ci-dessous).
En Belgique, ce marché représente également chez nous un fameux pactole, puisque sur le milliard et demi que l’INAMI a consacré en 2021 à la lutte contre le COVID, près de la moitié, soit 737 millions, a été dépensée pour payer ces divers tests (RTBF, 17/11/2021).
Le mirobolant taux de 46% de “cas PCR positifs” sera peut-être une bonne occasion de reconsidérer l’usage qui en est aujourd’hui pour “contrôler” la pandémie. Cela fait longtemps en effet que certains scientifiques s’interrogent à ce sujet.
Car en amplifiant mécaniquement des traces ou des morceaux de virus, ces tests PCR indiquent aujourd’hui comme “positifs” des gens qui ne sont pourtant ni contagieux, ni même malades. Une alarme qui sonne toutes les nuits, alors qu’il n’y a personne, cela ne vous sert à rien. Des tests “antigéniques” sembleraient, dans ce contexte, peut-être mieux ciblés et mieux adaptés.
Mais j’atteins là, vous vous en doutez, mon seuil quotidien d’ultracrépidarianisme.
Je sens la fièvre qui remonte, et j’ai un Dafalgan qui m’attend au coin du feu.
Prenez soin de vous (keuf-keuf !).
Claude Semal le 29 janvier 2022
Nota bene : le très pédagogique tableau ci-dessous a été publié par le groupe de scientifiques “Covid Rationnel”. Cela me semble personnellement très logique et convainquant, mais je n’ai évidemment pas les compétences scientifiques pour totalement en juger par moi-même. Si vous estimez les avoir, ou si vous les avez, n’hésitez donc pas à commenter ce tableau si vous le jugez utile
Manu Berquin
Publié à 17:57h, 01 févrierBonjour Claude,
Le prix payé aux labos pour les PCR est un scandale. Le fédéral rembourse 2 à 3 fois le prix de revient. Les millions payés par la collectivité aux labos privés et universitaires auraient pu être employés à meilleur escient.
Concernant la stratégie de testing, il y a en effet de quoi s’interroger : pourquoi tester tous les symptomatiques ? Cela n’a plus de sens pour limiter la circulation du virus, puisqu’on ne teste plus les contacts. On peut imaginer un suivi épidémiologique sur base de médecins et labos vigies comme on fait depuis toujours pour la grippe, ou du moins limiter les tests aux patients à risque. Lobby du patronat pour faire revenir plus tôt les enrhumés au test négatif ?
Quelques remarques sur les tests :
– le graphique n’est pas correct, il semble différencier les malades et les non malades en fonction de leur charge virale. Or des personnes asymptomatiques peuvent avoir une énorme charge virale (PCR très fortement positif), et inversément, on a des patients vraiment pas bien avec un test faiblement positif (probablement parce que déjà en courbe descendante).
– les tests antigéniques permettent effectivement de repérer les patients contagieux… Mais ils sont moins sensibles que le PCR. Nous avons plein de patients avec Omicron, négatifs au test antigénique et fortement positifs au PCR.
Nelly Lesire
Publié à 20:48h, 29 janvierBonsoir Claude, je te trouve bien courageux. J’ai bien apprécié ton analyse, mais ce n’est pas moi qui vais commenter ce tableau. Je te souhaite un prompt rétablissement et à ta bonne santé ! 😉