
19 mars 2025
21 mars, Journée internationale contre le racisme : Ne plus fermer les yeux.
Le racisme n’est pas qu’une question d’insultes ou de conflits entre individus. Ce n’est pas une opinion. C’est un système qui structure les inégalités à travers l’histoire, favorisant certain·es au détriment d’autres. Nous parlons ici de races sociales.
Un casier d’école, une menace de mort : la preuve que les discours tuent
Ce n’est pas un extrait d’un vieux livre d’histoire. Ce n’est pas un cas isolé. C’est ce qu’un élève de 15 ans a trouvé dans son casier, en Belgique, en 2025.
Un adolescent, en pleine construction, découvre dans son propre pays qu’un simple morceau de papier peut lui dire qu’il n’a pas sa place.
Mais ce message ne sort pas de nulle part. Il est le résultat direct d’un climat politique et médiatique qui a fait du racisme une norme.
Quand, dans les médias, des responsables politiques répètent que l’immigration est “hors de contrôle”, que certain·es “profitent du système”, que d’autres “refusent de s’intégrer”, ces mots n’ont pas qu’un impact électoral. Ils façonnent des mentalités. Ils fabriquent des boucs émissaires. Ils légitiment la haine.
Celui ou celle qui a écrit cette menace dans un casier ne l’a pas inventée. Iel l’a absorbée. Iel l’a normalisée. Frustré·e, malheureux·se, rempli·e de haine, iel devient l’outil d’une violence plus grande que soi.
Du discours politique aux agressions racistes : une mécanique bien connue
Quand un accord de gouvernement déclare : “La migration illégale non contrôlée ne peut plus être tolérée et doit cesser. Notre société ne peut plus gérer ce phénomène.” (Page 169, accord Arizona 2025)
Quand il impose un “test de citoyenneté” aux nouveaux Belges, comme si l’appartenance nationale était conditionnelle pour certain·es et évidente pour d’autres.
Quand il restreint l’accès aux droits sociaux sous prétexte de “mérite” ou “d’intégration”, comme si les inégalités n’étaient pas déjà structurantes.
Ce ne sont pas de simples mesures techniques. Ce sont des signaux politiques clairs : certain·es sont des citoyen·nes sous condition, des intrus·es toléré·es mais jamais pleinement accepté·es.
D’un texte de loi à une menace dans un casier, il n’y a qu’un pas.
L’Histoire nous a déjà montré où cela mène
L’Histoire ne se répète jamais à l’identique, mais elle suit toujours les mêmes logiques :
• Désigner un bouc émissaire : Accuser une minorité d’être la cause des crises économiques ou sociales.
• Restreindre progressivement ses droits : Lui imposer des conditions particulières d’accès aux droits communs.
• Faire taire la contestation : Présenter celles et ceux qui dénoncent ces discriminations comme “excessifs·ves”, “radicaux·ales” ou “ennemis·es de notre pays”.
• Normaliser la violence : Transformer la haine en un langage politique légitime, jusqu’à ce qu’elle se traduise en actes concrets.
“Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit. Je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit. Je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai rien dit. Je n’étais pas Juif.
Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour protester.”
— Martin Niemöller
Aujourd’hui, les cibles sont désignées : les migrant·es, les musulman·es, les minorités racisées. Mais ces stratégies de stigmatisation ne s’arrêtent jamais là. Elles finissent toujours par s’étendre à d’autres groupes, jusqu’à fragiliser la démocratie elle-même.
Le racisme d’État est une réalité, les chiffres le prouvent
• Une personne perçue comme noire ou maghrébine a 50 % de chances en moins d’être rappelée pour un emploi à CV égal (Unia, 2023).
• En Belgique, les personnes racisées sont 30 % plus souvent arrêtées pour “contrôle de routine”, sans justification (Amnesty International, 2022).
• En Europe, 64 % des personnes d’origine africaine déclarent avoir été victimes de discriminations racistes au cours des cinq dernières années (Agence des droits fondamentaux de l’UE, 2023).
Ce ne sont pas des “perceptions”. Ce sont des faits mesurés, répétés, documentés
Nous avons un choix à faire. Maintenant.
Il y a celleux qui prononcent ces menaces. Celleux qui les justifient. Celleux qui font semblant en affichant des slogans de façade… Et celleux qui se taisent. Aujourd’hui, se taire, c’est être complice.
• Citoyen·nes : Réagissez. Ne laissez pas passer les remarques racistes, ne fermez pas les yeux sur les injustices. Portez plainte, car c’est illégal.
• Enseignant·es : Intégrez la lutte contre le racisme à vos cours, refusez la banalisation des discriminations.
• Journalistes : Ne légitimez plus les discours de haine sous prétexte de “débat démocratique”.
• Employeur·euses : Engagez des actions concrètes contre la discrimination à l’embauche.
• Politiques : Cessez d’utiliser l’immigration et les minorités comme des boucs émissaires électoraux.
• Forces de l’ordre : Formez-vous aux biais raciaux, mettez fin aux contrôles au faciès.
Celui ou celle qui a écrit cette menace de mort dans un casier pensait exprimer une force. Iel n’a fait que dévoiler une faiblesse : celle d’un esprit façonné par la peur et l’ignorance.
Le racisme ne rend pas plus puissant·e. Il abîme.
Il enferme dans une logique de domination qui finit par enfermer tout le monde.
Nous savons comment ces mécanismes fonctionnent.
Nous savons comment ils finissent.
Nous avons un choix à faire. Maintenant.
De quelle société voulons nous pour nous et nos enfants ?
Binta Liebmann Diallo
Infirmière sociale, militante pour l’inclusion et la justice sociale
Laurette Vankeerberghen
Publié à 13:33h, 29 marsMerci Binta
J’espère que tu seras entendue, que nous serons entendus… Maintenant.
Tu n’es pas seule, Nous ne sommes pas assez nombreux mais nous le deviendrons.